Apologie du Terrorisme: Toutes les casseroles judiciaires qui collent à Dieudonné

DECRYPTAGE Placé en garde à vue, ce mercredi matin, pour ses propos sur les attentats de Paris, le polémiste est impliqué dans de nombreuses procédures…

Vincent Vanthighem
Dieudonné le 11 janvier 2014 au théâtre de la Main d'or, à Paris
Dieudonné le 11 janvier 2014 au théâtre de la Main d'or, à Paris — Alain Jocard AFP

Manuel Valls s’est bien gardé, mardi, de prononcer son nom dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Mais il n’y a guère de doute sur l’identité de «l’humoriste faisant salles combles, récidiviste et prédicateur de la haine» pour qui le Premier ministre a demandé à la justice d’être «implacable». Le polémiste Dieudonné a été placé en garde à vue, ce mercredi matin, pour «apologie du terrorisme».

>> Les faits: Dieudonné se sent «Charlie Coulibaly»

Dimanche soir, alors que près de quatre millions de personnes avaient défilé en France en mémoire des victimes des attentats de Paris, l’ancien compère d’Elie Semoun avait salué, sur son compte Facebook, un «instant magique égal au Big Bang (…) ou comparable au couronnement de Vercingétorix», précisant, «en ce qui [le] concerne» qu’il se «sentait Charlie Coulibaly», dans une double-référence au slogan «Je suis Charlie» et au nom de l’auteur des attentats à Montrouge (Hauts-de-Seine) et de la prise d'otages de la porte de Vincennes. Provocateur patenté, Dieudonné n’en est à pas son coup d’essai. 20 Minutes liste les procédures judiciaires dans lesquelles il est impliqué…

«Apologie du terrorisme»

Avant de se «sentir Charlie Coulibaly», Dieudonné avait déjà été inquiété pour «apologie du terrorisme». Pas plus tard qu’en septembre dernier. Dans une vidéo intitulée «Feu Foley», il réagissait à la décapitation du journaliste américain James Foley par le groupe Daesh -également connu sous l'appellation groupe Etats islamique-, estimant que la «décapitation symbolise le progrès et l’accès à la civilisation». Une enquête préliminaire a été ouverte sur ces propos.

>> Dieudonné visé par une enquête pour ses propos sur James Foley

Le polémiste a également été jugé pour une autre vidéo diffusée en avril 2010 dans laquelle il demandait la «libération de Youssouf Fofana», le chef du gang des barbares à l’origine de la mort du jeune Ilan Halimi. Sur la vidéo, il évoquait notamment la «puissance du lobby juif». Le tribunal l’a relaxé, «l’enquête de police n’ayant pas permis d’identifier l’auteur de la diffusion de la vidéo». Pour autant, il est convoqué, ce jeudi, devant la cour d’appel pour un jugement au civil, les proches d’Ilan Halimi ayant réclamé des dommages et intérêts dans cette affaire.

«Injure publique et incitation à la haine raciale»

«Moi, tu vois, quand je l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... dommage.» Dieudonné doit être jugé, le 28 janvier pour «injure publique et incitation à la haine raciale» envers le journaliste de France Inter. Il risque, dans cette affaire, un an de prison et 45.000 euros d’amende.

>> Quand Dieudonné s'en prend à Patrick Cohen

Manuel Valls a également engagé des poursuites à l’encontre de celui qui se présente comme un humoriste. Ce dernier a qualifié le Premier ministre, en août 2013, de «Mussolini à moitié trisomique». Cette affaire doit être examinée le 3 février.

«Fraude Fiscale et blanchiment d’argent»

Quel est vraiment le patrimoine de Dieudonné? Vaste question. La justice le soupçonne d’avoir minoré ses déclarations au fisc et d’avoir ainsi échappé à l’impôt sur la fortune. En juillet 2014, le juge Renaud Van Ruymbeke l’a donc mis en examen pour «fraude fiscale», «blanchiment de fraude fiscale» et «abus de biens sociaux».

>> Procédure: Dieudonné mis en examen pour «fraude fiscale»

L’un des avocats de Dieudonné, David de Stefano, avait plaidé, auprès de l’AFP que son client était «totalement en règle au niveau fiscal», assurant qu’il n’était «pas soumis à l’ISF». Si la procédure suit son cours, il pourrait pourtant être jugé pour cela.

Appel aux dons prétendument frauduleux

Dieudonné n’est pas riche. C’est en tout cas ce qu’il prétend à ses nombreux fans. Le polémiste avait fait appel à la générosité de ses aficionados dans une vidéo. «Si vous voulez me prêter, cela pourra m’arranger. Si j’arrive à rassembler la somme de 550.000 euros, je resterai propriétaire de ma maison», avait-il notamment expliqué.

Seul problème, cette pratique est interdite par la loi. En novembre, lors du procès, une peine amende de 22.500 euros a été requise à son encontre. La décision a été mise en délibéré et doit être connue, vendredi.

«Travail dissimulé»

Toujours dans le cadre de la gestion des sociétés de production de Dieudonné, la justice a ouvert une enquête préliminaire pour «travail dissimulé». Elle soupçonne les sociétés du polémiste d’avoir mal ou non déclaré deux comédiens ainsi que lui-même afin de minorer le paiement de cotisations sociales et patronales.

L’exploitation du théâtre de la Main d’Or

QG de Dieudonné depuis plus de dix ans, le théâtre de la Main d’Or (Paris) est au cœur d’une procédure. Les propriétaires juifs du théâtre voudraient expulser le polémiste, arguant de vices de forme dans les baux de location. L’examen de l’affaire a été repoussé, les avocats de Dieudonné ayant réclamé la récusation des juges chargés de statuer.