Attaque à «Charlie Hebdo»: Une policière raconte Ahmed, «un superbe collègue, toujours volontaire»
PORTRAIT Sonia Hmimou a très bien connu Ahmed Merabet, pour l’avoir accueilli au commissariat du 11e arrondissement il y a huit ans. Elle décrit un homme passionné, toujours volontaire, sportif dans l’âme…
«C’était un superbe collègue, toujours volontaire», souffle d’une voix blanche Sonia Hmimou, policière dans le 11e et responsable pour cet arrondissement du syndicat Unité police. Ce sont les premiers mots qui lui viennent à l’esprit, lorsqu’elle évoque pour 20 Minutes Ahmed Merabet, son collègue froidement abattu ce mercredi midi. Ahmed Merabet était en mission aux abords de «Charlie Hebdo» lorsqu’il a été tué d’une balle en pleine tête sur le boulevard Richard-Lenoir.
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Le commissariat du 11e fermé ce jeudi
Les quelque 300 agents polices du commissariat dans lequel officiait Ahmed sont effondrés. «Au point qu’on n’a pas eu la force d'ouvrir nos bureaux ce mercredi», annonce Sonia Hmimou. Une première.
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Ahmed Merabet, 42 ans, était célibataire et sans enfants. Il vivait dans le département de la Seine-Saint-Denis. Il appartenait depuis huit ans à la brigade J2 Police-Secours du commissariat central du 11e arrondissement de Paris. «Il adorait son métier et venait d’obtenir les examens pour devenir Officier de police judiciaire, précise Sonia Hmimou. Il devait être affecté dans sa nouvelle brigade en mars prochain. Je me rappellerai de lui comme quelqu’un de toujours prêt à aider et même à jouer les interprètes sur certaines affaires». Ahmed Merabet, originaire d'Algérie, parlait parfaitement arabe.
Un passionné de course à pied et de cyclisme
Ahmed, ce n’était pas non plus que le travail. «C’était un grand sportif, poursuit Sonia Hmimou. Il avait notamment couru des marathons. L’été dernier, il avait aussi suivi la caravane du Tour de France, pour y expliquer son métier.»
Il laisse des collègues effondrés et en colère. «Il ne savait pas à quoi s’attendre mercredi, indique Sonia Hmimou. Boulevard Lenoir, il savait qu’il intervenait sur des coups de feu, mais à aucun moment il ne s’attendait à être confronté à une telle barbarie. Le rapport de force est inégal. Nous ne sommes pas équipés au commissariat du 11e arrondissement pour faire face à de telles armes de guerre.»