Mickaël Dos Santos: Des bords de Marne au djihad dans le désert

REPORTAGE Un autre Français, en plus de Maxime Hauchard, fait partie des bourreaux de l'organisation Etat islamique…

William Molinié
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Image tirée d'une vidéo diffusée le 16 novembre 2014 par al-Furqan Media montrant le Français Mickaël Dos Santos, membre du groupe Etat islamique et identifié comme étant l'un des jihadistes ayant décapité des soldats syriens
Image tirée d'une vidéo diffusée le 16 novembre 2014 par al-Furqan Media montrant le Français Mickaël Dos Santos, membre du groupe Etat islamique et identifié comme étant l'un des jihadistes ayant décapité des soldats syriens — - Al-Furqan Media

Quand on lui montre les photos que Mickaël a prises de lui, barbu et en tenue de combattant, la vieille dame ne le reconnaît pas. A travers l’entrebâillement de sa porte, cette voisine s’étonne du parcours du jeune adulte qu’elle croisait il y a encore un an et demi dans la cage de son escalier. «Il me disait bonjour. J’ai le souvenir d’un enfant toujours aimable, gentil», souffle-t-elle.

Pourtant, c’est bien à l’étage du dessus, au cinquième et dernier niveau d’une modeste mais paisible résidence en bord de rivière à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) que Mickaël Dos Santos a grandi à la tête d’une fratrie de trois enfants dans une famille d’origine portugaise. «Des gens formidables, exceptionnels, qui n’ont jamais posé de problème dans l’immeuble», poursuit cette résidente.

 

Entrée de la résidence à Champigny-sur-Marne où Mickaël Dos Santos a grandi. - W.M.

 

La mère aurait signalé la radicalisation de son fils

Aujourd'hui soupçonné d’être un des bourreaux de l’organisation Etat islamique (EI), Mickaël Dos Santos apparaît dans une vidéo de propagande. C’est sa mère qui l’a reconnu devant les services de renseignement, a confirmé à 20 Minutes Jean-Charles Brisard, expert des questions liées au terrorisme. En début de soirée, le parquet de Paris, de son côté, a confirmé que «des indices précis et concordants» ont permis d'identifier Mickaël Dos Santos parmi les bourreaux de prisonniers filmés sur une vidéo de l'organisation de l'État islamique.

Celui qui est devenu un combattant de l’EI a grandi dans une famille catholique et s’est converti à l’islam au moment de l’adolescence. Il s'est aussi radicalisé dès le lycée. «La mère, très catholique, était sévère avec ses enfants. Elle a mal vécu la conversion de son fils. Il y a eu une rupture entre elle et lui», raconte un habitant d’un immeuble voisin. Ce dernier se présente comme un proche des parents. «Elle m’a dit qu’elle avait signalé très tôt aux policiers que son fils s’était radicalisé. Mais les policiers n’ont rien fait. Elle leur en veut beaucoup», poursuit-il.

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«Pas de mosquée radicale»

Justement, Mickaël Dos Santos n’apparaît que tardivement, en 2013, sur les radars des services de renseignement. C’est au moment du démantèlement d’une filière d’envoi de djihadistes depuis une ville voisine, Villiers-sur-Marne, jusqu’en Syrie. Mais trop tard, le garçon est déjà parti, dans la première vague. 

«Avant de disparaître, il portait la barbe et la djellaba. Il traînait avec deux ou trois jeunes de la résidence», atteste un proche de la famille. «Il n'y a pas de mosquée radicale dans la ville», conteste Dominique Adenot, maire communiste de Champigny-sur-Marne, qui se dit «choqué de voir qu'un jeune de notre pays puisse faire ça».

Il tweete des photos de têtes coupées

Parti sur zone à la fin de l’été 2013, Mickaël Dos Santos, ou plutôt «Abou Othman» -comme il se fait désormais appeler- poste sur Twitter des photos de têtes coupées et relaie des messages de propagande terroriste comme «venez rejoindre l’Etat islamique».

Son compte Twitter a fini par être suspendu ce mercredi soir, en accord avec les engagements que les réseaux sociaux sont tenus de prendre en matière de lutte contre la propagande terroriste et avec le nouveau projet de loi terroriste. Selon nos informations, d'autres jeunes du Val-de-Marne ont rejoint, en même temps que Mickaël Dos Santos, les rangs de Daesh. Le Premier ministre Manuel Valls a fait état ce mercredi d'«une cinquantaine» de Français morts en Syrie.