Les aides au logement responsables de la hausse des loyers dans le privé

LOGEMENT Une étude de l’Insee publiée ce vendredi se penche sur l’impact des aides au logement sur le secteur locatif privé…

Charlotte Follana
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Illustration du parc locatif privé. C. Follana / 20 Minutes
Illustration du parc locatif privé. C. Follana / 20 Minutes — Charlotte Follana

Elles sont censées donner du pouvoir d’achat aux ménages les plus modestes. Versées sous conditions de ressources à 5,7 millions de ménages en France –soit deux fois qu’il y a trente ans,  les aides au logement ont vocation à limiter le taux d’effort des ménages les plus modestes.

Elles servent donc à ce que la part des ressources consacrée aux dépenses de logement par les locataires bénéficiaires soit allégée, leur permettant de réaliser des économies ou d’avoir accès à des logements de meilleure qualité. Mais selon une étude de l’Insee publiée ce vendredi sur l’impact des aides au logement sur le secteur locatif privé, leur versement a des effets pervers sur le marché.

Une poussée inflationniste

En 2012, les pouvoirs publics ont versé 15,8 milliards d’euros d’aides personnelles aux locataires, dont 8,1 milliards pour le secteur locatif privé. D’après l’étude, propriétaires et bailleurs privés profiteraient de cette hausse du pouvoir d’achat des aspirants locataires pour augmenter les loyers. Un phénomène qui a également touché la Finlande ou encore les Etats-Unis. Prise elle aussi dans cette poussée inflationniste, la Grande-Bretagne a changé sa politique et choisi de baisser le montant des aides au logement, réussissant à entraîner une baisse des loyers du parc locatif privé.

De là à y voir la nécessité de faire pareil en France, il n’y a qu’un pas, que Corentin Trevien, coauteur de l’étude et membre de la division marchés et entreprises à l’Insee, invite à ne pas franchir trop vite. «Il est vrai que l’étude démontre que la hausse de ces allocations a entraîné une hausse du prix des loyers dans le privé. Mais absolument rien ne permet à ce jour d’assurer qu’à l’inverse, une baisse du montant des aides au logement en France permettrait de faire baisser les prix», explique-t-il.

Pas d’impact sur la quantité et la qualité des logements

Sur le papier, l’autre objectif de ces aides est de permettre aux ménages locataires bénéficiaires d’accéder à des logements de meilleure qualité. En pratique, c’est une autre histoire : «Ces aides sont très ciblées. Elles sont censées augmenter la capacité de logement des ménages les plus modestes mais une partie de cette capacité est annulée par la hausse des prix et bénéficie directement aux bailleurs», analyse Corentin Trevien.

Sans compter que comme elles permettent à certains ménages d’accéder à des logements de meilleure qualité, la demande s’accentue, sur un marché du logement déjà très tendu. Menée sur des villes de taille équivalente et qui allouent les mêmes allocations aux locataires modestes, l’étude démontre l’absence d’impact notable de ces aides sur la qualité ou la quantité des logements locatifs privés, qui ne sont ni plus nombreux, ni plus grands, ni mieux équipés.