Barrage de Sivens: Les forces de l’ordre ne sont pas prêtes à ranger leurs grenades
SECURITE Après la mort du jeune militant Rémi Fraisse, le ministre de l’Intérieur a décidé de suspendre l’utilisation des grenades offensives...
Les grenades au placard. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a décidé mardi soir de suspendre l’utilisation des grenades offensives par les forces de l’ordre au cours d’opérations de maintien de l’ordre. C’est l’une d’entre elles, lancée par un gendarme, qui aurait été à l’origine de la mort de Rémi Fraisse sur le barrage de Sivens dans la nuit de samedi à dimanche au cours d’affrontements entre des opposants au projet et les forces de l’ordre.
La suspension concerne «les grenades offensives», utilisées par les gendarmes, mais aussi «les grenades lacrymogènes instantanées (GLI), mixtes, lacrymogènes et explosives», dont les CRS sont dotés, précise une source ministérielle à 20 Minutes.
Décision «hâtive»
Du côté des gendarmes, on estime que cette suspension est une «précaution nécessaire». De là à les interdire définitivement? «On verra les résultats de l’enquête», a répondu ce mercredi matin sur France Inter le Colonel Pierre Bouquin, porte-parole de la gendarmerie. Ce dernier a par ailleurs estimé que la mort du jeune étudiant était «un accident».
La mort de Rémi Fraisse, "un accident" selon le... par franceinter
Les policiers s’inquiètent de cette prise de décision jugée «hâtive». «On s’oppose au retrait définitif de ce moyen de défense ultime dont l’utilisation est très clairement réglementée», appuie le syndicat Unsa-Police.
Effet contraire
Pire, la suppression pure et simple des grenades dans l’équipement du CRS pourrait avoir l’effet complètement inverse, soutient Eric Mildenberger, délégué général des CRS au syndicat Alliance. «C’est très inquiétant car les grenades sont un moyen de force intermédiaire au cœur de la philosophie du maintien de l’ordre permettant justement de ne pas avoir à recourir à des armes létales et de minimiser les risques d’accidents mortels», poursuit ce spécialiste du maintien de l’ordre.
«Par ailleurs, la preuve n’a pas encore été faite qu’il s’agissait d’une bavure des gendarmes», conclut-il.