Dépistage de stupéfiants au volant: «On veut dire aux jeunes de faire attention…»

INTERVIEW Présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), Danièle Jourdain Menninger dévoile à «20 Minutes» les contours de l’expérimentation qui va être menée à partir de décembre…

Vincent Vanthighem
— 
Danièle Jourdain Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues, le 25 juin 2013.
Danièle Jourdain Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues, le 25 juin 2013. — V. WARTNER / 20 MINUTES

«Ce n’est pas un plan antijeunes», prévient d’emblée Danièle Jourdain Menninger. Il n’empêche, la présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) ne cache pas que ce sont les jeunes qui sont les premiers visés par l’expérimentation qui va être menée, dès décembre dans dix départements, afin de dépister plus facilement la conduite sous stupéfiants.

>> Les faits: Des tests salivaires de dépistage de drogue vont être expérimentés

Car les tests de dépistage existent déjà. Et si les contrôles sont compliqués à mettre en place, les résultats qu’ils donnent sont effrayants. Pour 20 Minutes, la présidente de la Mildeca revient sur ce sujet et dessine les contours de l’expérimentation qui va être menée…

Les tests de dépistage de stupéfiants existent déjà. Pourquoi en expérimenter de nouveaux?

Le but est de faciliter leur mise en place. Aujourd’hui, si un conducteur est contrôlé positif aux stupéfiants, il faut l’emmener à l’hôpital pour faire valider le résultat par une prise de sang. C’est extrêmement chronophage pour les forces de l’ordre et ça complique leur tâche.

En quoi consisteront les nouveaux tests?

Il s’agit d’un double test salivaire. On donne un coton-tige au conducteur. S’il est positif, on lui en donne un second qui valide le résultat et nous montre à quel type de stupéfiants il est sous l’emprise. Les contrôles vont ainsi pouvoir se multiplier sur le bord des routes beaucoup plus facilement.

Quelles sont les statistiques en matière de conduite sous stupéfiants?

Elles sont très inquiétantes. On sait aujourd’hui qu’un conducteur de cyclomoteur sur trois impliqué dans un accident mortel est sous l’emprise de stupéfiants. C’est un sur cinq en ce qui concerne les motos et un sur sept pour les conducteurs de voiture.

Cette expérimentation vise donc principalement les jeunes?

Attention, ce n’est pas un plan antijeunes. Mais oui, on veut dire aux jeunes de faire attention. La conduite sous l’emprise de stupéfiants est très dangereuse. Et les conséquences peuvent être dramatiques. Les jeunes ignorent, pour la plupart, qu’ils risquent deux ans de prison pour ce type d’infraction. Et surtout, qu’en cas d’accident mortel, cela va bouleverser leur vie.

Combien de tests allez-vous mener?

L’expérimentation sera menée dans dix départements. Elle va durer six mois. Et si les résultats sont positifs, elle sera généralisée. L’an dernier, 144.000 contrôles concernant les stupéfiants ont été effectués contre 10 millions pour l’alcool au volant. Il faut accélérer les choses.

L'expérimentation va durer six mois

Prévue pour une durée de six mois, l'expérimentation doit débuter le 1er décembre dans les Alpes-Maritimes, la Dordogne, la Gironde, l'Ille-et-Vilaine, le Nord, la Loire-Atlantique, la Moselle, la Haute-Savoie, les Yvelines et Paris. Les anciens tests et nouveaux seront, systématiquement, effectués en parallèle afin de valider la fiabilité des nouveaux tests salivaires. Si l'expérience est positive, la Mildeca envisage une généralisation à toute la France pour l'été prochain.