«Les mauvais souvenirs chez le dentiste sont parfois transmis de génération en génération»
INTERVIEW Le secrétaire général adjoint de la Confédération nationale des syndicats dentaires commente une étude selon laquelle la peur des soins constitue le second motif de renoncement à une consultation…
S’asseoir sur le fauteuil d’un dentiste reste un cauchemar pour de nombreux Français. Selon une étude de l’Insee rendue publique ce jeudi, 7% des Français se sont abstenus de consulter un dentiste dans l’année. C’est la peur des soins qui constitue le second motif de renoncement à une consultation (25,2%), après les raisons financières (49,9%). Une appréhension qu’analyse pour 20 Minutes le docteur Rémi Marchand, secrétaire général adjoint de la Confédération nationale des syndicats dentaires.
Pourquoi la peur du dentiste perdure-t-elle dans notre société?
Tout d’abord, parce que le dentiste travaille à l’intérieur du corps, ce qui est ressenti comme une agression par certains patients. L’inconscient collectif joue aussi beaucoup car les images d’Epinal représentant le dentiste comme un charlatan du Moyen Âge arracheur de dents circulent toujours. Et les mauvais souvenirs chez le dentiste sont parfois transmis de génération en génération. Enfin, certaines personnes éprouvent une honte à montrer une dentition imparfaite ou craignent qu’une première consultation donne lieu à un long traitement. Cette peur du dentiste n’est l’apanage d’aucun milieu social.
Quels sont les soins les plus redoutés par les patients?
Les extractions de dents. Alors même que les anesthésies locales actuelles sont très performantes et permettent de supprimer la douleur de l’acte, sauf dans de rares cas. Le traitement des caries est aussi toujours redouté, car la roulette fait peur. Sans doute à cause de son bruit et parce que le crâne fait caisse de résonance.
Quelles peuvent être les conséquences de ces renoncements aux soins?
Certains patients viennent nous voir trop tard lorsqu’ils sont sur le point de perdre une dent. Il faut alors recourir à la prothèse, ce qui implique des frais beaucoup plus élevés. Par ailleurs, certains problèmes de santé buccodentaire peuvent avoir des retentissements sur l’état de santé général: maladie du cœur, diabète, tendinite, arthrite… Une raison de plus de consulter.
Comment désamorcez-vous l’appréhension des patients qui finissent par vous consulter?
Je la ressens tout de suite, car ils transpirent ou lèvent leurs pieds dès qu’ils sont allongés sur le fauteuil. La plupart d’entre eux jouent la carte de l’honnêteté et m’avouent qu’ils n’ont pas consulté depuis des lustres. Je fais en sorte de ne pas tenir un discours culpabilisant et j’effectue une première séance en pratiquant peu d’actes, pour leur montrer l’innocuité de la consultation. Lorsqu’il s’agit d’enfants, je fais en sorte que les parents restent dans la salle d’attente pour qu’ils ne transmettent pas leur stress à mes petits patients.
Quelles opérations de sensibilisation sont efficaces pour dédramatiser la consultation?
Depuis vingt ans, les dentistes se rendent bénévolement dans les écoles, de la maternelle au CP pour initier les enfants à la santé buccodentaire et pour leur expliquer comment se passe une consultation chez un professionnel. Cela permet de lever beaucoup d’angoisses chez eux. Et peut-être même chez leurs parents!
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