Rattrapé par les conflits sociaux, François Hollande choisit la fermeté
GREVE A court terme, le choix semble bon... Mais sur le long terme, rien n'est moins sûr..
Et de six! Les cheminots entament ce lundi leur sixième jour de grève contre le projet de la réforme ferroviaire examiné à partir de mardi à l’Assemblée nationale. Des trains resteront donc à quai alors que démarrent les épreuves du bac ce lundi. Les cheminots ne sont pas les seuls à manifester cette semaine. Ce lundi est aussi décrété journée d’action nationale par les intermittents du spectacle. Mobilisés depuis plusieurs mois, ils protestent contre le changement de leur régime d’assurance-chômage qui durcit leurs conditions d’indemnisation. Jeudi, ce sera au tour de sept syndicats de Pôle emploi d’appeler à cesser le travail sur la question des évolutions de carrière.
Voilà donc François Hollande face à sa première forte contestation sociale, lui qui l’avait soigneusement évitée depuis son arrivée à l’Elysée en usant du compromis. Cette fois-ci, les conflits s’enlisent. Celui des cheminots en particulier. «Le gouvernement se moque de nous, estime ainsi Thierry Nier, secrétaire fédéral de la CGT Cheminots, dimanche midi. Il a beau dire qu’il garde sa porte ouverte pour les cheminots. Le problème, c’est qu’il manque les chaises et les dossiers sur la table.»
Un joli coup à court terme
Face à cette épreuve sociale, François Hollande et son gouvernement ont opté pour une position de fermeté, déterminés à tenir bon pour imposer les réformes. Michel Sapin, le ministre des Finances l’a encore rappelé ce dimanche matin au micro d’Europe 1: Pas question de reporter le débat sur la réforme ferroviaire qui commence ce mardi à l’Assemblée. «Il n’y a aucune raison de différer une réforme de bon sens et négociée avec les syndicats dont la CGT.» Même fermeté à l’égard des intermittents du spectacle. Même s’il reconnaît des avancées possibles en faveur des intermittents, «il n’est pas question de revenir sur l’ensemble de la réforme de l’assurance chômage», indique-t-il néanmoins.
A court terme, cette stratégie peut s'avérer payante. En particulier sur la grève à la SNCF impopulaire parmi les Français. Même l’UMP abonde dans ce sens. Le député et candidat à la présidence du parti de droite, Hervé Mariton, appelait dimanche matin son camp à avoir «une attitude responsable» face au conflit social à la SNCF et à «ne pas compliquer la tâche du gouvernement» lors du débat parlementaire.
«Gare à la constitution d’un front syndical»
Mais sur le long terme, «cette volonté de passer les réformes coûte que coûte, sans écouter les mouvements sociaux, pourrait coûter cher», observe Joël Sohier, maître de conférences à l’Université Champagne-Ardenne auteur de Le Syndicalisme en France (édition Broché). Dans ce conflit à la SCNF, il y a une montée en puissance d’un nouveau front syndical entre la CGT, Force Ouvrière et SUD. Il y avait ces mêmes appels communs à faire grève le 1er mai dernier ou le 15 mai, lors de la manifestation sur les négociations salariales dans la fonction publique.»
La confrontation entre cette union politique et cette union syndicale pourrait faire des étincelles. «Avec le risque pour le gouvernement de voir ressurgir en bloc toutes les contestations: la défense des statuts, le droit de ne pas travailler le dimanche, la retraite à 60 ans», poursuit Joël Sohier. Il rappelle d’ailleurs que ce mercredi 18 juin sera aussi une journée d’action et de grève dans l’enseignement contre les fusions et regroupements régionaux d’établissements d’enseignement supérieur. «Là encore, il y a ce même front syndical CGT-FO et cette volonté d’ouvrir des négociations avec le gouvernement.»