Qui est Mehdi Nemmouche, le tireur présumé du Musée juif de Bruxelles?
TERRORISME Un Français suspecté d’être l’auteur de la fusillade qui a fait quatre morts au Musée juif de Bruxelles a été arrêté ce vendredi alors qu’il se trouvait à bord d’un autocar à Marseille…
Il aurait fait le djihad en Syrie
Originaire de Roubaix (Nord), Mehdi Nemmouche, 29 ans, a passé plus d’un an en Syrie auprès de groupuscules djihadistes. Un séjour qui conduit la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à le ficher à son retour en Europe, révèlent les premiers éléments de l’enquête. C’est en prison qu’il se serait radicalisé et aurait basculé vers un islamisme radical, se livrant au prosélytisme. François Molins, procureur de la République de Paris, a révélé au cours d’une conférence de presse que Nemmouche «faisait des appels à la prière au cours des promenades». C’est également en prison qu’il aurait été approché par le milieu djihadiste. Il est libéré en décembre 2012. Trois semaines après, il se rend en Syrie. C'est là-bas qu'il aurait appris à manier l’armement utilisé au cours de la fusillade du 24 mai.
Déjà condamné pour braquage
Multirécidiviste, Mehdi Nemmouche a été condamné à cinq reprises à des peines d’emprisonnement et a passé au total plus de cinq ans en prison. Outre des condamnations pour vol et conduite sans permis, il a été condamné en 2009 pour le braquage d’une supérette. Les faits se déroulent en 2006, à la petite supérette du quartier de la Bourgogne, à Tourcoing. Le commerce est braqué par deux individus encagoulés qui repartent avec un butin de plus de 3 000 euros, attendus par un complice au volant d’une 205. La police retrouve le véhicule une demi-heure plus tard. Mehdi Nemmouche est toujours à son bord, avec 800 euros en liquide. Le trio niera toujours les faits. Déjà incarcéré dans le sud de la France, Nemmouche refuse d’être extrait de sa prison par peur de l’avion, mais il sera condamné à 24 mois d’emprisonnement.
Arrêté au cours d’un contrôle fortuit
C’est au cour d’un banal contrôle douanier que le suspect a été arrêté à la gare routière Saint-Charles à Marseille. Mehdi Nemmouche se trouvait à bord d’un autocar en provenance d’Amsterdam via Bruxelles. Une provenance qui pousse les douaniers à effectuer un contrôle inopiné du véhicule pour trouver d’éventuels stupéfiants transportés illégalement. Alors qu’ils fouillent les bagages des voyageurs, les douaniers découvrent un lourd armement dans le sac de Mehdi Nemmouche: un fusil d’assaut Kalachnikov à crosse rétractable, un revolver à calibre 38 spécial et 261 cartouches du fusil d’assaut, «des armes du type de celles utilisées le 24 mai à Bruxelles», a expliqué une source proche de l’enquête.
Il revendique la fusillade dans une vidéo
Les douaniers ont également retrouvé une caméra GoPro dans les bagages du tireur présumé, qui n’est pas sans rappeler l’affaire Mohamed Mehra, ainsi qu’un appareil photo. Le procureur de la République de Paris a révélé que l’appareil contenait une vidéo dans laquelle on entend le suspect revendiquer la fusillade. Nemmouche n’apparaît pas à l’image mais dit qu’il «regrette que la caméra ne se soit pas déclenchée au moment de la fusillade». On y voit les armes semblables à celles utilisées à Bruxelles ainsi qu’un drap sur lequel est écrit en arabe "Dieu est grand" et "Etat islamique en Irak et au Levant", un groupe armé djihadiste. Le sac du tireur présumé contenait aussi une casquette et un masque à gaz. Autant d’éléments qui laissent peu de place au doute sur la culpabilité du jeune homme, et qui correspondent aux images des caméras de vidéosurveillance du Musée juif de Bruxelles, qui montraient un tireur équipé d’une Kalachnikov, d’une casquette sombre et d’une caméra GoPro.
Il risque la prison à perpétuité
Remis vendredi aux agents de la DGSI, Medhi Nemmouche a été placé en garde à vue à Levallois-Perret pour assassinat et tentative d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste, a précisé le procureur. Sa garde à vue, qui a commencé vendredi à la mi-journée, durera 96 heures, jusqu’à mardi. Elle pourra être prolongée de 48 heures, soit 144 heures au total, jusqu’à jeudi, si les enquêteurs devaient invoquer une menace terroriste imminente. On ignore dans quel pays pourrait se tenir le procès. Les faits ayant été commis en Belgique, la justice belge a lancé un mandat d’arrêt européen en vue de l’extradition du suspect. Mais l’existence d’une victime française de la fusillade pourrait pousser la justice française à juger Mehdi Nemmouche en France. S’il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés, Mehdi Nemmouche encourt la réclusion criminelle à perpétuité.