Alain Robert vs Spider-Man, l’interview-comparaison

INTERVIEW Le «Spider-Man français» s’est prêté au jeu de l’interview-comparaison, alors que le film «The Amazing Spider-Man 2» cartonne dans les salles de cinéma…

Nicolas Beunaiche
Alain Robert lors d'un événement promotionnel du film «The Amazing Spider-Man 2» le 23 avril 2014 à Macao.
Alain Robert lors d'un événement promotionnel du film «The Amazing Spider-Man 2» le 23 avril 2014 à Macao. — Kin Cheung/AP/SIPA

Le premier a envahi les toiles mercredi dernier et y fait un carton dans The Amazing Spider-Man 2. Le second est actuellement à Djakarta, en Indonésie, où on l’a invité à parler de son expérience de grimpeur. Peter Parker et Alain Robert* partagent le surnom de Spider-Man depuis des décennies. Mais qu’ont-ils vraiment en commun? Bien qu’il ne soit pas un grand fan de son double, l’homme-araignée français a accepté de se livrer au petit jeu de l’interview-comparaison.

>> Le dernier exploit d’Alain Robert au Koweït en images par ici

Dans le comics, Spider-Man développe ses pouvoirs à la suite d’une piqûre d’araignée. Qu’est-ce qui vous a donné le virus de l’escalade, à vous?

Tout est parti d’un film que j’ai vu quand j’avais huit ou neuf ans et qui s’appelait La neige en deuil. On y voit deux frangins gravir une montagne. Ça m’a fasciné. Ensuite, le déclic réel, je l’ai eu vers 12 ans. A l’époque, j’avais une frousse terrible du vide. Un jour, j’ai laissé mes clés dans la chambre. Pour les récupérer, j’ai escaladé les sept étages de mon immeuble. Je n’y étais pas vraiment obligé, mais j’en avais vraiment envie. Ça a été l’épreuve test qui m’a confirmé dans mon idée de devenir un grimpeur.

Peter Parker est plutôt petit et léger. Vous avez presque le même gabarit…

Je fais 1m64 pour 50 kilos. Ce n’est pas un inconvénient, mais ce n’est pas un avantage non plus. En escalade, l’essentiel est de garder un bon rapport poids-puissance. Quelqu’un comme moi doit rester aux alentours de 50-51 kilos. La puissance, c’est de réussir à faire des choses en fonction de son propre poids. A une époque, par exemple, j’étais capable de faire des tractions d’un bras sur le petit doigt de la main.

Pour s’entraîner, Spider-Man se balade en ville d’immeubles en immeubles. Et vous, comment vous exercez-vous?

Je fais de l’escalade régulièrement sur des murs artificiels. Et puis je fais des tractions, des pompes, du footing… C’est un entraînement assez basique. Je n’ai pas besoin de beaucoup développer la force pure, j’ai surtout besoin de résistance. Il faut être capable de durer en faisant des mouvements qui peuvent être répétitifs et sur des structures qui n’offrent pas toujours des moments de repos.


Spider-Man a connu plusieurs chutes dans sa carrière, et s’en est toujours relevé. Comme vous…

J’ai connu sept chutes au total. Mais j’en retiens surtout deux. En septembre 1982, je chute de 15 mètres, la tête la première, et je retombe sur des rochers à la base d’une falaise. Je me réceptionne sur les mains. Mes deux poignets sont explosés. C’est comparable à un carton en voiture. On estime que je suis retombé à 60km/h. Normalement, on en meurt. En janvier 1982 déjà, il y avait eu une alerte. Je m’étais cassé une cheville et un poignet après une chute d’une falaise de 15 mètres, cette fois sur les jambes. J’avais subi quatre ou cinq opérations. Heureusement, et c’est ce qui me caractérise, j’ai de la motivation. C’est ce qui me permet de me relever après chaque chute.

A la différence de Spider-Man, vous grimpez réellement sans filet. Ça fait partie du défi, pour vous?

Très tôt, j’ai conçu l’escalade comme ça, à mains nues, sans matériel. J’aime ce côté épuré et le fait de prendre des risques. Des risques calculés, mais des risques quand même Je ne saurais pas vraiment l’expliquer pourquoi, je ne le sais pas réellement moi-même.

Spider-Man aime prendre en photos ses exploits. Et vous, vous considérez-vous plutôt comme artiste ou comme un sportif?

Ce que je fais est une façon de vivre, une philosophie de vie. Ma vie s’articule autour de l’escalade de gratte-ciel. Ce n’est même pas un sport. Je ne suis en compétition avec personne, je ne bats pas de records, je ne gagne pas de médailles… Je fixe mes propres règles. Et puis je ne m’occupe pas du tout des photos ou des vidéos. Je laisse ça à des professionnels.

*Son dernier livre, Haute tension, est sorti le 13 mars aux éditions Cherche-midi.