Sarkozy: «hyperbole judiciaire» pour ex-«hyperprésident» estime la presse
Nicolas Sarkozy est très écouté, par Patrick Buisson, puis par les juges, si les éditorialistes sont partagés quant à la légitimité des écoutes de ces derniers, il reste que pour eux l'ex-«hyperprésident a engendré l’hyperbole judiciaire.»
«L’hyperprésident a engendré l’hyperbole judiciaire,» assure Henri Gibier des Echos. «Si l’avocat lui-même se prête à des manoeuvres délictueuses, il est normal qu’il soit mis, comme son client, sous écoute», reconnaît-il sans être convaincu que ce soit le cas : «dans le cas du défenseur de Nicolas Sarkozy, et sauf nouvelles révélations, on en semble loin.»
Yves Thréard du Figaro, voit bien un «faisceau d'indices suffisant», pas contre l'ancien patron de l'UMP, mais «pour douter de la candeur de Christiane Taubira. Et, partant, de celles de Manuel Valls et de François Hollande.» Pour l'éditorialiste, tous trois sont présumés coupables d'avoir: «suivi en temps réel l’enquête menée contre l’ex-chef de l’État.»
«Chacun a désormais la responsabilité de retrouver son calme afin que la justice puisse normalement passer», estime de son côté Eric Decouty dans Libération qui souhaite que «l’indignation de quelques avocats n’apparaisse pas comme une opération de déstabilisation des juges d’instruction.»
Dans La Nouvelle République du Centre Ouest, Olivier Pirot pense qu'«il faut que les politiques de tous bords cessent de vouloir condamner avant les juges. Surtout quand ils le font, comme souvent, sans connaissance très précise des dossiers.»
«Avancer la thèse d’un supposé complot est tout simplement absurde,» affirme Bruno Dive dans Sud-ouest en soulignant que «la plupart des dossiers dans lesquels revient le nom de Nicolas Sarkozy sont apparus sous le précédent quinquennat. Ce n’est donc pas François Hollande qui diligenterait des enquêtes pour nuire à son prédécesseur, comme une petite musique paranoïaque commence à le susurrer.»
Nuancé, Jean-Louis Hervois (La Charente Libre) juge «certes recevables, les plaidoiries outragées des avocats sur les marches des palais contre la méthode judiciaire» mais aussi qu'elles «n’effacent aucune des questions que posent les pratiques de l’Elysée du temps de Sarkozy.»
«Quand Nicolas Sarkozy et son avocat décident de se +rappeler dans 10 minutes+, ils le font avec d’autres portables non tracés par les enquêteurs», raconte Alain Dusart dans L'Est Républicain et de noter: «comme dans les affaires de grand banditisme, les policiers ont tracé la borne la plus proche de la propriété de Carla Bruni au Cap Nègre pour localiser les téléphones dédiés à ces conversations particulières.»
Pascal Coquis (Les Dernières Nouvelles d'Alsace) résume la situation: «écouter les conversations téléphoniques d’un avocat soupçonné de commettre une infraction est donc permis. Écouter un avocat dans l’espoir de prouver une éventuelle infraction ne l’est pas, c’est aussi simple que cela», écrit-il.
Ils sont plusieurs à ne pas s'être fait de religion, tel Christophe Bonnefoy du Journal de la Haute-Marne qui «en arriverait même à se demander qui sont les méchants et les gentils.» Ce que Jean-Michel Servant du Midi Libre traduit par une «présomption d’innocence contre présomption de culpabilité.»