Jour de colère: 250 personnes en garde à vue après les heurts anti-Hollande

MANIFESTATION Les forces de l'ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes...

20 Minutes avec AFP
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Rassemblées à l'appel du collectif «Jour de colère», un groupe hétéroclite a défilé dimanche à Paris contre François Hollande, le 26 janvier 2014
 
Rassemblées à l'appel du collectif «Jour de colère», un groupe hétéroclite a défilé dimanche à Paris contre François Hollande, le 26 janvier 2014   — A. GELEBART/20 Minutes

Quelque 262 personnes  ont été interpellées dimanche soir au cours de  la dispersion de la  manifestation anti-Hollande qui a rassemblé à  Paris entre 17.000  personnes selon la police et 160.000 selon les  organisateurs. La police annonce ce lundi matin que 250 personnes ont été placées en garde à vue.

Le  collectif «Jour de colère»,  rassemblement hétéroclite formé  d'intégristes catholiques, d'opposants  au mariage homosexuel, de  partisans de Dieudonné, d'identitaires, de  patrons en colère, de   familles, a défilé contre «l'action gouvernementale» et pour demander la   destitution du président de la République, jugé «incapable» et   «impopulaire».

Des incidents entre quelques centaines de manifestants et les  forces  de l'ordre ont éclaté dimanche soir à la fin de la manifestation  avant  le retour au calme peu après 20h, a constaté l'AFP.

19 policiers blessés

La grande majorité des 250 personnes qui ont été interpellées   «venaient au contact des forces de l'ordre au moment de la dispersion»,   a indiqué une source policière à l'AFP. Elles ont été acheminés dans   les commissariats de la capitale en milieu de soirée. Sur les 250, douze  personnes ont été interpellées en début de manifestation dont cinq pour  «port d'armes prohibées».

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Au cours de la manifestation, 19 policiers ont été  blessés, dont un  «potentiellement gravement» après avoir reçu un pavé  dans la mâchoire, a  indiqué cette source policière. Aucun n'a été hospitalisé.

Douze personnes ont été interpellées au moment de la  dispersion de  la manifestation, pour jet de projectiles ou pour port  d'armes  prohibées, selon un bilan provisoire communiqué en début de  soirée par  la police. Pendant l'opération, douze policiers ont été  blessés, dont  l'un a reçu un pavé sur la mâchoire, a-t-on précisé de  même source.

Manuel Valls condamne

Dans une déclaration à l'AFP, le ministre de l'Intérieur  Manuel  Valls a dit qu'il «condamne avec la plus grande fermeté les  violences  contre les forces de l'ordre commises par des individus, des  groupes  hétéroclites, de l'extrême et de l'ultra droite, dont le but  n'est que  de créer du désordre en n'hésitant pas à s'en prendre avec  violence aux  représentants des forces de l'ordre».

A l'issue de la manifestation, des centaines de  personnes, masquées  pour certains, ont lancé des projectiles, des  bouteilles, des pétards,  des barres de fer, des poubelles et des  fumigènes contre les forces de  l'ordre qui ont répliqué par des tirs de  gaz lacrymogènes, a constaté  l'AFP.

A l'arrivée du cortège place Vauban, une partie de la  foule criait:  «La France aux Français, bleu blanc rouge !», prévenant: «Ça va péter,  ça va péter». Pendant le défilé, beaucoup de manifestants arboraient   des drapeaux tricolores, ou bretons, des bonnets rouges, des drapeaux à   la fleur de lys, des drapeaux de la Manif pour tous.

En queue de cortège, quelques centaines de sympathisants  de Dieudonné  criaient «Liberté d'expression», dans une allusion à  l'interdiction  faite à l'humoriste controversé de jouer son spectacle «Le Mur» en  raison de sa tonalité antisémite. Des slogans anti-Israël,  ou «CRS,  milice des juifs», ont été entendus. Des journalistes accusés d'être des  «collabos» ont été pris à partie, ont constaté des reporters de l'AFP.

«Slogans antisémites»

L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a condamné  dans un  communiqué «les slogans antisémites ainsi que des saluts nazis   effectués» en marge du défilé. «Ce «Jour de colère» s'est transformé en   jour de haine», a estimé son président, Sacha Reingewirtz. Interrogé un   peu plus tôt sur Radio J, l'ancien ministre UMP Luc Chatel a assuré   qu'il «comprenait» la démarche du collectif «Jour de Colère» même s'il   ne «soutenait pas» sa manifestation. «Le président de la République élu   ne cesse de fracturer la société française, d'opposer les Français les   uns aux autres», a-t-il ajouté.

A la fin de la manifestation plusieurs anonymes ont pris  la parole  sur un podium. Un homme a conspué «la France des oligarques»  et loué  «la France du pays réel rassemblée aux Invalides». Un autre  homme,  arborant un bonnet rouge, a donné rendez-vous «à bientôt pour  tout  brûler». Les personnes qui ont défilé au micro ont fait huer tour à   tour François Hollande, Manuel Valls, Christiane Taubira, «le lobby   LGBT», «Leonarda», les journalistes. Des chants visaient aussi les   francs-maçons.

Grève de la faim

Sur le podium, Béatrice Bourges, qui dirige le mouvement  du Printemps français,  a demandé que le Parlement entame une procédure  de déstitution de  François Hollande, au nom de son impopularité et de  son incapacité à  gouverner. Elle a annoncé se mettre en grève de la faim  en attendant  cette éventuelle procédure de destitution.

«Y en a assez des scandales du président, il déshonore la  France»,  s'est insurgée Marion, la soixantaine et retraitée, venue  prendre part  au défilé. «Vous êtes ici pour crier votre ras-le-bol, ils  sont plus  préoccupés par leurs aventures (...) que par le chômage et la  liberté  du peuple de France», a déclaré au micro un des organisateurs,  qui a  requis l'anonymat.

Le Front national, le collectif breton à l'origine du  mouvement des  bonnets rouges, La Manif pour tous, fer de lance contre le  mariage  homosexuel, avaient appelé à ne pas participer à cette  manifestation.