«Aujourd’hui, 90 boulangeries dans 55 villes de France proposent des baguettes suspendues»
SOLIDARITE Jean-Manuel Prime, initiateur du concept de la «baguette en attente» en France, analyse les clés du succès de cette initiative citoyenne…
Une nouvelle forme de solidarité qui gagne du terrain. Le concept de la «baguette en attente» ou «baguette suspendue» fait des émules. Le principe est simple: un client paie deux baguettes (ou plus) à son boulanger. L’une d’elle est mise en attente en attendant qu’une personne dans le besoin vienne la récupérer. Jean-Manuel Prime, initiateur du concept en France, revient sur le succès grandissant de cette initiative citoyenne.
Comment vous est venue l’idée de la «baguette suspendue»?
Je me suis inspiré du concept du «café suspendu», inventé en Italie. Pour moi, il était important que des anonymes puissent offrir à des personnes démunies quelque chose qui nourrisse. La baguette m’a semblé idéale, d’autant que c’est un symbole français. Donner du pain, c’est un geste citoyen qui permet de contribuer modestement à la solidarité.
Le concept s’est-il bien développé?
Il a démarré en mai 2013 dans deux villages du Puy-de-Dôme. Puis une boulangerie bordelaise a pris le relais. Aujourd’hui, 90 boulangeries dans 55 villes de France proposent des baguettes suspendues. Soit la boulangerie me contacte pour que je lui communique des affiches et des logos, soit des clients le font et convainquent ensuite leur boulanger. Certaines boulangeries ont aussi repris le concept sans qu’on le sache. Et le bouche-à-oreille fonctionnant bien, le réseau de commerces participant va encore s’étoffer. Quant aux donateurs, ils se passent le mot et ont tous des profils différents: étudiants, mamies, cadres…
Et au final, est-ce que ce système marche?
En moyenne, une boulangerie suspend une dizaine de baguettes par jour. Mais certaines vont jusqu’à 20. Cela dépend du bouche-à-oreille. Parfois, les boulangers se retrouvent avec quelques baguettes prépayées en fin de journée, car les personnes démunies n’osent pas venir les prendre. Dans ce cas-là, ils les donnent à des associations de quartier ou aux travailleurs sociaux qui effectuent des maraudes.
Comment vous assurez-vous que les boulangers jouent bien le jeu?
Ce concept repose avant tout sur la confiance. Et un boulanger qui profiterait juste de cette initiative pour se mettre plus d’argent dans les poches serait vite repéré par ses clients. En cas de retours négatifs, on retirera immédiatement le nom de la boulangerie de notre carte.