Amendement IVG: «Cela va permettre de porter un autre regard sur l’avortement»
SOCIETE Isabelle Louis, présidente de la Fédération Ile-de-France du Mouvement du planning familial revient sur l’amendement controversé concernant l’avortement…
Un changement sémantique qui créé la polémique. Les députés se pencheront ce lundi sur un amendement au projet de loi pour l'égalité hommes-femmes qui propose de supprimer la notion de «situation de détresse» pour recourir à l'avortement. Une modification qui ne changera rien dans la pratique, mais dont la portée symbolique est forte, comment l’explique Isabelle Louis, présidente de la Fédération Ile-de-France du Mouvement du planning familial.
En quoi la suppression de la référence à «une situation de détresse» dans la loi Veil est-elle importante pour vous?
C’est symbolique. Cela permettra de coller enfin à la réalité de l’avortement en France, qui ne correspond pas forcément à des situations de détresse. Car 35% des femmes en France recourent à l'IVG au moins une fois dans leur vie pour des raisons multiples. La suppression de cette référence va permettre de porter un autre regard sur l’avortement, en arrêtant de le concevoir comme un acte exceptionnel et traumatique dans la vie des femmes, mais comme un véritable droit.
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Ce droit est-il toujours difficile à exercer en France?
Oui car la France manque de structures pour pratiquer l’IVG, qui est le parent pauvre de l’hôpital. Certains établissements sont surchargés et les délais peuvent être longs. Ce qui ne fera qu’empirer si le droit à l’avortement est finalement restreint en Espagne, car beaucoup d’Espagnoles viendront dans le Sud de la France pour interrompre leur grossesse. Il existe aussi des freins économiques à l’IVG car certains actes (première consultation préalable, analyses de biologie médicale, éventuelles échographies) ne sont pas inclus dans le forfait remboursé à 100% par la Sécu.
Pensez vous que les anti-IVG puissent regagner du terrain avec ce qui se passe en Espagne?
Oui car le conservatisme gagne du terrain en Europe.
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Je suis donc inquiète, car le droit à l’avortement peut être assez facilement remis en cause. L’idée de restreindre le droit à l’avortement à certains cas se répand. D’autant, qu’avec la crise, certains pays pourraient chercher à dérembourser certains actes.