VIDEO. Outrages: Certains policiers abusent des dommages et intérêts

JUSTICE Des avocats profitent aussi de ce business...

20 Minutes avec AFP
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M.Libert/20 Minutes

L'Inspection générale de l'administration (IGA) s'inquiète dans un  rapport que certains policiers victimes d'injures saisissent  systématiquement et de manière répétée la justice afin d'obtenir, avec  succès, des dommages et intérêts. Des sources judiciaires ont confirmé à l'AFP ce phénomène «parfois récurrent», avec «toujours les mêmes fonctionnaires et  avocats» dans certaines juridictions. C'est «marginal», ont dit ces  sources, ce que relève aussi le rapport.



Le document mis en ligne en décembre 2013 sur le site du  ministère de l'Intérieur traite de «l'évolution et la maîtrise des  dépenses de contentieux à la charge» de l'Intérieur.

>> Le rapport à lire par ici

Il évoque des «habitués de la protection fonctionnelle», à  savoir des policiers, qui utilisent, comme ils en ont le droit mais de  manière abusive, un avocat, afin de réclamer des dommages et intérêts  pour les outrages et les injures dont ils s'estiment victimes. La rapport relève ainsi «l'existence de fonctionnaires  habitués de démarches chez le juge», sans pouvoir quantifier ce  phénomène. Tel «le cas d'un fonctionnaire "victime" de ces outrages à  28 reprises en 2012» ou, ailleurs, «62 cas d'agents victimes plus de  quatre fois dans l'année». Il cite d'autres exemples et conclut que «certains  policiers, certes peu nombreux, se sont même fait une spécialité de ce  type d'intervention au point que les juges les ont repérés et ont  substantiellement réduit les dommages et intérêts accordés».

La mission de l'IGA recommande une «enquête exhaustive et  fiable» sur ces «habitués», demandant par ailleurs que la hiérarchie  veille au grain comme le fait la gendarmerie où ce phénomène n'existe  pas. Un policier victime de coups, outrages ou injures peut  déposer plainte et bénéficie de la prise en charge de certains frais  dont ceux d'avocats qui, selon les sources judiciaires, «font aussi  parfois commerce de ces dossiers avec les policiers». L'IGA suggère à cet égard que pourrait être remis en  cause, pour ce qui est des seuls injures et outrages, le recours à un  avocat.

«Rapport est honteux», peste le syndicat Alliance

Alliance (second syndicat de gardiens de la paix) a  déclaré, par la voix de son secrétaire général  Jean-Claude Delage, que «ce rapport est honteux». Il «dénonce ces thèses  qui jettent le discrédit sur la police et sur ses agents» et «attend un  ferme démenti du ministre» de l'Intérieur. «L'IGA semble oublier la  dangerosité du métier et passer sous silence la violence, de plus en  plus prégnante» dont les policiers «sont les victimes». «Les propositions de ce rapport sont scandaleuses. Il est  légitime que les policiers fassent l'objet du soutien de leur  institution lorsqu'ils comparaissent comme victimes», a réagi de son  côté Nicolas Comte, secrétaire général adjoint d'Unité-SGP police FO.

Selon le rapport, il y a annuellement plus de 20.000  dossiers de recours de protection fonctionnelle dans la police soit plus  de 13 millions d'euros de dépenses en 2012, en hausse par rapport aux  années précédentes. Par ailleurs, l'IGA se penche sur les coûts juridiques liés au contentieux des étrangers.

En 2012, les conflits juridiques entre les étrangers et  les préfectures ont coûté 15,63 millions d'euros au ministère (6,7  millions pour les avocats des préfets et 8,8 millions en condamnations  ou en aide juridictionnelle) en hausse de 25 % sur trois ans, selon le  rapport. «Le dynamisme des avocats, certains par conviction d'autres  seulement mobilisés par la facilité du gain, contribue» à cette  augmentation, écrit l'IGA.

«Mise en cause de  la profession», déplore le barreau du Val-de-Marne

Plusieurs barreaux se sont élevés contre ces conclusions.  Celui du Val-de-Marne a déploré dans une motion «une mise en cause de  la profession». Si l'État se voit souvent condamner, ce n'est «pas dû à  des stratégies malhonnêtes de l'avocat mais bien à des décisions non  fondées de l'administration», ajoute la motion.

Sur le blog «Droit des étrangers», un article accuse l'IGA d'être «avocaphobe».