David Van Hemelryck, un trublion au service de la contestation anti-Hollande
Il refuse de parler de sa formation de polytechnicien. Tout juste, cite-t-il «une prépa» puis une «grande école» pour décrire son parcours d’étudiant. «Voilà, ce n’est pas l’essentiel», lâche-t-il, passant directement aux raisons de son engagement. Sous son blouson en cuir noir, un sweat gris à capuche arbore la tête d’Hollande barrée d’un peu élégant «Dégage». L’ouverture au niveau du cou laisse apparaître un effet bien plus classique: une pâle chemise pourpre surmontée d’un pull fin à col rond.
A force de superposer les couches, David Van Hemelryck entremêle les visages. Révélé lors des manifestations contre le mariage pour tous, aperçu aux côtés du Printemps Français, sublimé l’été dernier lorsqu’il défile le long des plages de l’Hexagone en traînant une banderole «Hollande-démission», revêtu d’un bonnet rouge pour contester l’éco-taxe jusqu’à être érigé en héros de la contestation lorsqu’avec quelques-uns de ses camarades, il est placé en garde à vue pour avoir perturbé la commémoration du 11 novembre sur les Champs-Elysées.
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A 34 ans, cet habitant d’Orléans basé à Paris, rêve d’endosser le costume du leader de la contestation anti-hollande. «Regardez, 85% des Français le désavouent. Il n’est plus légitime», justifie-t-il, se rapprochant et répondant à l’appel de tous ceux qui par un aspect de la politique d’Hollande sont contre lui: Pigeons, Bonnets rouges, anti-mariage gay…
«Il en a fait un sacerdoce»
Il ne jure que par la «mobilisation citoyenne», la «liberté d’expression», la responsabilisation des élus – «redevables de comptes devant les Français», insiste-t-il – et s’est juré de faire plier le président. Après? Pas vraiment de programme, ni même de candidat. Ce sera aux Français de voter, prophétise-t-il. «C’est un passionné. Il en a fait un sacerdoce», commente une collaboratrice qui a rejoint son équipe il y a un an.
L’agitateur ne veut pas se positionner sur l’échiquier politique. Il se dit «apolitique». Juste avant sa garde à vue lors du défilé du 11 novembre, il tweete à ses militants «Dites à la presse que je ne suis pas d’extrême droite». Pourtant, dans les manifestations, il se retrouve régulièrement aux côtés du Printemps Français. Béatrice Bourges, à la tête du collectif, reconnaît «ne pas vraiment le connaître» mais établit qu’il «est actif».
Communiqué : dites à la presse je ne suis pas d'extrême droite Je réclame la démocratie la fin des arrestations arbitraires et un référendum
— Hollande-Démission! (@David_vanH) 11 Novembre 2013
Présenté comme «le cerveau de la contestation anti-Hollande» par Le Figaro, David Van Hemelryck prône une «désobéissance citoyenne non violente» contre un «système qui ne nous écoute plus». Tout en entretenant l’opacité. «Je veux parler à tout le monde. Si des éléments du Bloc Identitaire se reconnaissent en moi, parfait. Ce n’est pas pour cela que je me reconnais en eux», confesse-t-il.
David Van Hemelryck lors d'un rassemblement de soutien à Nicolas, incarcéré à Fleury-Mérogis pour rébellion lors des manifestations contre le mariage gay. Alexandre Gelebart/20Minutes.
Manifestation déclarée le 19 janvier
Devenu militant sur le tard -le point de départ étant la contestation du mariage pour tous-, il a accumulé en quelques mois 17 arrestations et quatre gardes à vue, selon son avocate. «Cela l’a usé», dit Me Martine Baheux qui indique que sa banderole a été saisie et brûlée, sur ordre du parquet. «C’était un coup dur car elle avait une forte valeur symbolique», poursuit l’intéressé qui portera plainte ce mercredi pour vol et entrave à la liberté d’expression.
En un an, il a investi 45.000 euros dans son combat. Des deniers personnels, «provenant de prêts d’amis, pas de partis politiques», précise-t-il. Sa carte bleue a été suspendue, sa banque enquêtant selon lui sur l’origine de cet apport. Rien à faire, il prétend être plus que jamais mobilisé. Le 19 janvier, il est coorganisateur d’une manifestation déclarée – sa première…–, place du Châtelet, où il promet «une surprise». Mais «le feu d’artifice», dit-il, est prévu pour le 14 juillet prochain. Avant cela, il est prêt à enchaîner les gardes à vue, au cours desquelles il ne signera plus que «le minimum légal».