Avalanches en montagne: CRS et secouristes s’exercent avant l’arrivée des skieurs
De notre envoyé spécial aux Deux-Alpes (Isère),
Un skieur vient d’alerter un pisteur positionné au pied d’une remontée mécanique. Il y a deux minutes, une avalanche a emporté trois ou quatre personnes en bordure de piste. Le dispositif de secours se met en place: les CRS et leurs maîtres-chiens partent sur le site, l’hélicoptère Dragon 38-1 de la sécurité civile est averti, les médecins du Samu sont en route, les moniteurs de la station affluent sur les lieux de l’accident pour retrouver d’éventuelles victimes.
(Images: William Molinié ; Montage: Jonathan Duron)
Ce scénario, une centaine de professionnels de la montagne l’a mis en application, mercredi aux Deux-Alpes (Isère), avant l’arrivée en masse des skieurs. Chaque année, une trentaine de personnes meurent dans des avalanches en France. La première cause de décès en dehors des pistes. «Les premières minutes sont très importantes. Après un quart d’heure, les chances de survie sont infimes», explique Laurent Jaunatre, capitaine adjoint de la CRS-Alpes, chef de la section Isère.
Une chance sur deux
A 2.600 mètres d’altitude, Falco, un berger allemand de trois ans, repère immédiatement en trois coups de truffe le moniteur de l’ESF qui s’est laissé ensevelir pour l’occasion. «Pour l’instant, il a 100% de réussite en exercice et en opération. Il est bien plus rapide que les systèmes de recherche en avalanche», explique Thierry, son maître de la CRS-Alpes, basée à Grenoble.
W. M./20minutes
Les secours, sous la coordination des médecins, doivent trier les victimes. Un skieur emporté dans une avalanche importante a une chance sur deux de ne pas mourir sur le coup, les vertèbres brisées. Ensuite, les principales causes de décès sont l’asphyxie, l’étouffement à cause de la neige et les multiples traumatismes. «Une victime qui a les deux fémurs brisés a peu de chance de s’en sortir», constate un médecin du Samu.
Evitez le danger, renoncez !
Au mois d'octobre, les CRS secouristes en montagne ont obtenu la qualification d’officier de police judiciaire, au même titre que leurs homologues gendarmes. Concrètement, cela veut dire qu’ils peuvent effectuer des procès-verbaux et procéder aux premières constatations en cas d’avalanche. «Les poursuites peuvent être diverses. Mise en danger de la vie d’autrui, blessures ou même homicides involontaires. Nous nous devons de dresser les responsabilités en cas d’avalanche», précise le capitaine Laurent Jaunatre.
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Les montagnards s’inquiètent de la recrudescence du ski hors-piste sur la station, de plus en plus pratiqué par des amateurs. «Le développement du matériel facilite la progression en poudreuse», constate Bertrand, un pisteur. «Les outils de recherche et d’avalanche ainsi que les sacs se sont développés. Mais la plupart des amateurs qui les achètent ne savent pas s’en servir. Le meilleur moyen de ne pas se mettre en danger reste d’y renoncer», poursuit-il.
Alcoolisme des montagnes
Autres tendances surveillées de près par les professionnels de la sécurité en montagne, les bars en haut des pistes, surnommés «boîtes de jour». «A 14h, ils mettent le son à fond et commencent à boire», constate un CRS. Lors des redescentes, en fin d’après-midi, l’accident est vite arrivé. «Certains sortent de là sans pouvoir tenir sur les skis», poursuit-il.
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Les jeunes anglais sont, paraît-il, assez friand de ce type de pratiques. «Ils se mettent en danger eux-mêmes mais aussi les autres. Nous sommes vigilants», ajoute un pisteur. Dans certaines stations, les gendarmes sont d’ailleurs parfois appelés pour faire rentrer de force les individus alcoolisés, via les remontées mécaniques.