La mère de la fillette noyée à Berck mise en examen pour assassinat et écrouée
ENQUÊTE lle «a reconnu les faits» ...
On commence à en savoir un peu plus ce samedi après-midi sur les circonstances du décès d'Adélaïde 15 mois retrouvée morte le 20 novembre sur une plage de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais). La mère est passée aux aveux lors de sa garde à vue et a été mise en examen pour assassinat samedi à Boulogne-sur-Mer et placée en détention provisoire selon son avocate Me Fabienne Roy-Nansion.
La mère a livré sa version des faits, faisant la lumière sur une affaire jusque là très mystérieuse. Elle «s'est rendue à Berck dans le but de mettre fin aux jours de son enfant. Elle l'a déposée vivante sur la plage alors que la marée montait. Elle ne s'était jamais rendue dans cette ville, dont seul le nom a retenu son attention», relate le parquet dans un communiqué, rapportant les premiers aveux de cette femme de 36 ans qui n'a pas d'autre enfant selon son avocate. Cette dernière avance une explication sur le choix de Berck : «Parce que Berck c'est triste, rien que la consonance, c'est triste».
Sans ressource, sans travail
«Elle réalise ce qu'elle a fait, a ajouté l'avocate. Elle exprime des remords et a amorcé des explications. Elle ne cherche pas à se trouver des excuses. Au contraire, elle dit n'être pas défendable. L'avocate a évoqué «une jeune femme au profil psychologique tout à fait étonnant, qui s'est expliquée complètement sur son acte, (...) qui dit avoir aimé profondément sa fille, qui analyse son geste, tente de l'analyser», et qui «dans un moment de détresse, d'isolement, de solitude absolue est passée à l'acte Elle décrit une femme qui «s'exprime très bien, particulièrement intelligente et extrêmement cultivée».
La mère a expliqué être sans ressource, sans travail, étudiante en philosophie et vivre avec un homme de 63 ans. Elle a avancé des «difficultés qu'elle rencontrait dans la prise en charge quotidienne de la fillette, peu compatibles avec sa vie de couple», dit encore le parquet.
Après avoir laissé sa fille sur la plage, la mère est rentrée à son domicile, qu'elle n'a plus quitté, hermétique au moindre appel à témoins, selon le parquet. Hébergée à Saint-Mandé, en banlieue parisienne par son compagnon, le père d'Adélaïde, elle a été interpellée à son arrivée à ce logement vendredi vers 18H00 et placée en garde à vue à Nanterre (Hauts-de-Seine). Les analyses ADN ont rapidement montré qu'elle était bien la mère de l'enfant.
La femme est arrivée samedi vers 14H15 au palais de justice de Boulogne-sur-Mer, allongée sous un manteau à l'arrière d'un véhicule.
«On n'arrive pas à comprendre qu'il se passe ce genre de choses en France»
Au moment de l'arrivée de la mère à Boulogne, à 50 km au sud, à Berck, démarrait une marche blanche en hommage à la fillette qui a réuni 400 personnes selon la police. «On n'arrive pas à comprendre qu'il se passe ce genre de choses en France. Il y a de plus en plus de faits divers de cette nature-là et la société française déraille complètement. Cela touche des enfants, c'est très grave. On ne sait pas quoi dire», a confié une participante.
«Plus jamais ! Plus jamais ça, plus jamais une telle horreur. C'est un cri de maman», a-t-elle ajouté après avoir écrit «Plus jamais ça» avec son doigt dans le sable. «Tout ce qu'on demande, c'est qu'elle soit punie. C'est irréel, surtout quand on est maman», a lancé une mère de deux enfants. «En France, les gens ne sont pas assez punis. Il faut qu'il y ait une punition. Quand il n'y a pas de doute, on rétablit la peine de mort», a assuré un homme participant à la marche blanche.