«Manifeste des 343 salauds» : Frédéric Beigbeder ne «retire rien»
SOCIETE Signataire de ce manifeste contre l'abolition de la prostitution, l'écrivain persiste et re-signe dans une interview donnée au Point...
Frédéric Beigbeder semble aimer se faire détester. Après le lancement houleux du magazine Lui, dont il est le directeur de la rédaction, il a signé le «Manifeste des 343 salauds» dans lequel 343 hommes s’opposent à l’abolition de la prostitution. Sous le feu des critiques, le «salaud» numéro un ne faiblit pas: «Quand je signe une pétition, je sais ce que je fais», explique-t-il dans une interview au Point parue ce jeudi.
Des campagnes de sensibilisation plutôt qu’une loi
Reconnaissant que le titre de la pétition «Touche pas à ma pute» n’était «peut-être pas très heureux», Frédéric Beigbeder «ne retire rien» et affirme que les signataires de la pétition ne demandent pas à disposer du corps d’autrui: «Nous parlons de relations entre adultes consentants et nous condamnons avec la plus grande force les trafics humains et toute prostitution non choisie par les intéressées.»
L’écrivain estime que l’absence de débat autour de la loi de pénalisation des clients des prostituées «n’est pas un bon signe pour la démocratie», Frédéric Beigbeder se positionne en faveur de campagnes de communication pour sensibiliser sur le fait que le corps humain n’est pas une marchandise. Les féministes, elles, en prennent pour leur grade, l’écrivain leur reprochant de «prétendre savoir à leur place ce qu’elles [les prostituées] doivent faire.»
«Halte au triomphe de l'interdit»
Frédéric Beigbeder s’est également exprimé dans une tribune parue dans Le Monde ce mercredi soir: il y explique avoir été désigné comme le meneur du manifeste alors qu’il n’avait fait qu’évoquer la possibilité d’une pétition lors d’un entretien avec le magazine Causeur qui « a décidé d'en faire sa couverture, avec un titre dont je ne suis pas l'auteur: « Touche pas à ma pute ». Présenté partout comme l'initiateur de cette pétition, je me suis retrouvé porte-parole des hétéro-beaufs-réacs-machistes-ringards-obsédés», écrit Frédéric Beigeder, qui reconnaît avoir «sous-estimé la violence d’Internet «qui semble avoir été créé pour permettre à tous les aigris du monde de se donner la main».
L’écrivain précise dans sa tribune que «La seule vérité dans mon parallèle provocateur entre «salopes» et «salauds», c'était ceci: en 1971, les femmes qui avortaient étaient stigmatisées, honteuses; en 2013, les clients de prostituées sont stigmatisés, honteux. Il est là, le point commun. Proposer une loi pour pénaliser les clients des prostituées revient à dénoncer des personnes qui se trouvent, qu'on le veuille ou non, en situation de détresse et d'isolement». Et tacle le gouvernement: «Maintenant qu'ils sont au pouvoir, les anciens soixante-huitards proclament plutôt qu'«il est urgent de ne plus rien permettre». Il existe probablement au gouvernement des conseillers chargés chaque jour de trouver de nouvelles prohibitions.»