LGV Sud-Ouest: les élus se félicitent, les opposants doutent du financement

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Le ministère des Transports a officiellement confirmé mercredi le lancement des lignes TGV Toulouse-Bordeaux et Bordeaux Dax, d'ici dix à quinze ans, rassurant les élus du Sud Ouest, même si des doutes ont été émis sur le financement de ces liaisons très coûteuses.
Le ministère des Transports a officiellement confirmé mercredi le lancement des lignes TGV Toulouse-Bordeaux et Bordeaux Dax, d'ici dix à quinze ans, rassurant les élus du Sud Ouest, même si des doutes ont été émis sur le financement de ces liaisons très coûteuses. — Jean-François Monier AFP

Le ministère des Transports a officiellement confirmé mercredi le lancement des lignes TGV Toulouse-Bordeaux et Bordeaux Dax, d'ici dix à quinze ans, rassurant les élus du Sud Ouest, même si des doutes ont été émis sur le financement de ces liaisons très coûteuses.

La LGV Bordeaux-Toulouse sera mise en service en 2024, a annoncé le ministre des Transports Frédéric Cuvillier dans un entretien à Sud Ouest et à la Dépêche du midi. Quand à Bordeaux-Dax, qui mettra Bayonne à 3h25 de Paris, l'horizon 2027 est annoncé.

C'est «l'aboutissement logique et légitime du combat sans relâche pour inscrire notre métropole dans le réseau européen de la grande vitesse», s'est félicité Pierre Cohen, président PS de la communauté urbaine de Toulouse, qui sera à 3h10 de Paris.

Même satisfecit pour le président PS de la communauté urbaine de Bordeaux, Vincent Feltesse, pour lequel «la métropole bordelaise se voit ainsi confirmée dans un statut de porte d'entrée du Sud-Ouest et, aussi, du sud de l'Europe».

«Tout est désormais en place», s'est réjoui Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, qui a rappelé son «soutien au grand projet Sud-Ouest dans son intégralité», c'est-à-dire la prolongation de la ligne Tours-Bordeaux d'une part vers l'Espagne et d'autre part vers Toulouse.

Le rapport de la commission Mobilité 21, dont s'est inspiré le gouvernement pour rendre ses arbitrages en matière d'investissements dans les grandes infrastructures, avait considéré que seule la ligne Bordeaux-Toulouse devait être réalisée compte-tenu des contraintes budgétaires et invité à développer les TER pour satisfaire les besoins en mobilité des Français.

Mais les grands élus aquitains ont multiplié les démarches auprès du gouvernement pour insister sur le côté «indissociable» des deux lignes. 

Du «lobbying» selon le collectif d’associations environnementales du Pays Basque qui estime que l'annonce de mercredi  «contente les hommes politiques qui comptent dans le PS pour qu’il n’y ait pas de clash».

Du côté des opposants, se pose aussi la question du coût de ces réalisations: 9,1 milliards d'euros pour les deux lignes vers l'Espagne et vers Toulouse.

«Cela coûte très cher, trop cher, et beaucoup plus que prévu initialement», a indiqué à l'AFP Claude Semain, président de l'association de défense du patrimoine caudecostois, en Lot-et-Garonne en soulignant que «le financement général n'est pas encore trouvé».

Le «plan d'investissements d'avenir» présenté en juillet par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault prévoyait pour les lignes à grande vitesse le maintien du lancement des travaux avant 2030 seulement pour la ligne Bordeaux-Toulouse. Les autres LGV  et notamment Bordeaux-Hendaye étaient renvoyées à l'après-2030.

L'annonce de mercredi prévoit donc de réaliser une partie du tronçon Bordeaux-Hendaye, près des deux-tiers du chemin, jusqu'à Dax, d'ici à 2027.

Une manière d'éviter que les collectivités qui finançaient le tout dans le cadre d'un accord global incluant le trajet jusqu'à Hendaye ne se désengagent, a assuré M. Semain.

MM. Malvy et Rousset ont d'ailleurs appelé dès mercredi dans un communiqué commun «l'ensemble des collectivités concernées pour qu'elles reprennent le versement de leur part de financement dans le projet de LGV en cours de construction entre Tours et Bordeaux», après la suspension des versements du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques et de la communauté d'agglomération de Pau

Mais selon l'opposant lot-et-garonnais, outre «le problème du coût», c'est «le problème de fond» qu'il faut selon lui «soulever» car «Bordeaux-Toulouse n'est pas rentable, le report modal a été largement surestimé».

«Nous voulions cette ligne (...) C'est mon combat», a soutenu M. Rousset sur France 3 Aquitaine, mercredi: «Pour la sécurité, pour l'environnement, pour le confort des voyageurs, pour le report modal de la route au rail des marchandises il fallait faire une ligne nouvelle».

«Après les municipales 2014, il risque d’y avoir des réveils douloureux. Dans les enquêtes publiques qui auront lieu, il faudra bien expliquer comment on va financer ces LGV», a soutenu l'opposant M. Pachon, président du CADE.

Les enquêtes publiques pour ces deux lignes vont être lancées «en juin 2014», a annoncé la préfecture d'Aquitaine.