NSA: L'espionnage de la France en trois questions

REVELATIONS Quand, comment et pourquoi les Etats-Unis ont-ils scruté les communications des Français il y a presque un an? Eléments de réponse...

A.D. avec AFP
— 
Banderole de soutien à l'ancien employé de la CIA Edward Snowden, à Hong Kong, le 20 juin 2013.
Banderole de soutien à l'ancien employé de la CIA Edward Snowden, à Hong Kong, le 20 juin 2013. — Kin Cheung/AP/SIPA

Les informations révélées par l'ex-consultant Edward Snowden n'ont pas fini de faire trembler les Etats. Dernier pavé dans la mare: on apprend ce lundi que l'Agence de sécurité nationale américaine  (NSA) a intercepté de façon massive les communications téléphoniques des  Français, comme le dévoile ce lundi le quotidien Le Monde.

Comment la NSA est-elle parvenue à infiltrer les communications en France?

La NSA dispose de plusieurs modes de collecte au service du programme dit «US-985D», indique Le  Monde

Au coeur de ce programme, deux techniques d'interception apparaissent sous le nom de «DRTBOX» et «WHITEBOX». Concrètement, lorsque certains numéros de téléphone sont composés, un signal déclenche l'enregistrement des conversations. L'espionnage porte également sur des SMS en fonction de l'utilisation mots-clés. Enfin, la NSA conserve systématiquement l'historique des connexions de  chaque «cible».

En parallèle du programme Prism, déjà dévoilé, le programme Upstream permet d'intercepter les communications transitant par les câbles sous-marins. En moyenne, trois millions  de données ont été interceptées chaque jour avec des pointes à  presque sept millions les 24  décembre 2012 et 7 janvier 2013, précise le  quotidien. Du 28 au 31 décembre, ainsi que les 3, 5 et 6 janvier, aucune interception ne semble avoir eu lieu.

Qui était visé?

Tous les Français ont potentiellement été espionnés.

Sur une période de trente jours, entre le 10 décembre 2012 et  le 8 janvier 2013, 70,3 millions d'enregistrements de données  téléphoniques des Français ont été effectués par la NSA. Les «cibles» en question sont  aussi bien des personnes suspectées  de liens avec des activités  terroristes que des individus visés pour  leur simple appartenance au  monde des affaires, de la politique ou à  l'administration française, précise Le Monde.

Deux entreprises semblent avoir particulièrement concentré l'attention des services secrets américains: wanadoo.fr, ancienne filiale d'Orange  qui compte encore 4,5 millions d'utilisateurs, et alcatel.lucent.com,  l'entreprise franco-américaine de télécommunications., ainsi que les boîtes e-mail de leurs clients.

 Le même type d'interception a aussi visé l'Allemagne  sous les noms de code «US-987LA» et «US-987LB». «En Europe,  seuls l'Allemagne et le Royaume-Uni dépassent la France en termes de  nombre d'interceptions. Mais pour les Britanniques, cela s'est fait avec  l'assentiment de leur gouvernement», précise encore Le Monde.

Comment la France va-t-elle réagir?

  Contrairement à l'Allemagne ou le Brésil, Paris a mis très longtemps a réagir aux accusations d'espionnage.

Ce lundi, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, juge sur Europe 1 que les  informations dévoilées sont «choquantes» et «vont appeler des explications précises des autorités américaines dans  les heures qui viennent».

«Avec les nouvelles technologies de la communication, il faut  évidemment des règles, cela concerne tous les pays», a souligné le  ministre. «Si un pays ami, un pays allié espionne la France ou espionne  d'autres pays européens c'est tout à fait inacceptable», a-t-il  poursuivi.



Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé de son côté avoir «convoqué immédiatement» l'ambassadeur des Etats-Unis à Paris.