Audience agitée au procès en appel de Dieudonné pour provocation à la haine

JUSTICE L'humoriste a été condamné à 20.000 euros en première instance...

20 Minutes avec AFP
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Dieudonné.
Dieudonné. — BERTRAND GUAY / AFP

L'humoriste  Dieudonné  M'Bala M'Bala a comparu jeudi devant la cour d'appel de Paris  au cours  d'une audience agitée, pour diffamation, injure et provocation à  la  haine et à la discrimination raciale pour des propos et une chanson   dans deux vidéos diffusées sur internet.

Irruption d'opposants cagoulés

Les voix des amis de Dieudonné, rassemblés dans la grande  galerie du  palais de justice, ont résonné jusqu'à la salle d'audience  pleine à  craquer, barricadée par les forces de l'ordre. L'irruption  d'opposants  cagoulés à l'humoriste a nécessité une intervention  policière afin de  séparer les deux groupes. En première instance, le comique avait été  condamné à 20.000  euros d'amende. Dans l'une des vidéos incriminées, il  transformait la  chanson d'Annie Cordy «Chaud cacao» en «Shoah nanas».  L'humoriste  soutient que la chanson, dont il attribue la paternité à  des détenus  dont le terroriste Carlos, fait en réalité référence à des  «Chauds  ananas».

Ironie

«Merci d'être là pour la chanson française, pour la variété»,  a  ironisé Dieudonné devant ses supporteurs, dont certains brandissaient   le fruit exotique. «Ce n'est pas l'affaire Dreyfus !», se sont insurgés  les  avocats de la Licra, SOS Racisme,  l'UEFJ et J'accuse!, parties civiles  dans ce dossier, devant la  «surenchère» de la défense. Outre son avocat  habituel, Dieudonné était  défendu par trois secrétaires de la conférence  du barreau ainsi qu'un  détenu de la prison de Poissy qui s'était  constitué partie civile pour  l'occasion.

Vingt jours de prison requis

«Vous êtes obsédés par certains problèmes, je vous laisse  avec eux»,  a lancé Dieudonné aux parties civiles qui l'interpellaient  sur la  Shoah. «Moi je vous parle d'ananas, c'est un fruit qui me  passionne»,  a-t-il ajouté, arrachant quelques rires à la salle.

Comme en première instance, le parquet a requis une peine de  20  jours-amende à 600 euros, signifiant qu'il devait s'acquitter de  12.000  euros ou alors risquer jusqu'à 20 jours de prison.

Déjà condamné six fois

«On ne peut pas rire de tout. M. M'Bala M'Bala a dépassé les  limites  admises de la liberté d'expression, y compris celles accordées à  un  humoriste», a déclaré l'avocate générale. Au prévenu qui se   revendiquait de Coluche et Desproges, elle a rétorqué: «Eux ne croyaient   pas ce qu'ils disaient, ça se voyait. Vous, on a l'impression que vous   n'êtes plus un comique mais un imprécateur».

Le ministère public a également rappelé que Dieudonné avait  déjà été  condamné six fois pour les mêmes motifs et devait toujours  régler  36.000 euros au titre des ses précédentes condamnations. La cour d'appel  rendra sa décision le 28 novembre.