Une interdiction des téléphones portables aux moins de six ans à l'étude

SANTE Car ils sont plus sensibles aux ondes électromagnétiques...

20 Minutes avec AFP
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Des enfants de trois à cinq ans utilisant smartphones et tablettes.
Des enfants de trois à cinq ans utilisant smartphones et tablettes. — ANGOT / SIPA

L'appel de l'Agence  sanitaire à un usage modéré par les plus  jeunes des téléphones portables  a remis d'actualité une disposition  inscrite dans la loi Grenelle 2 de  2010,  qui donne la possibilité  d'interdire les mobiles destinés aux  moins de six ans.

«La question de l'interdiction reste posée», a reconnu mercredi la ministre de la Santé Marisol Touraine. La ministre était interrogée sur France Info au lendemain de  la  publication du rapport «Radiofréquences et santé» de l'Agence  nationale  sanitaire (Anses), qui a recommandé «un usage modéré» du  téléphone  portable surtout pour les enfants, plus sensibles aux ondes   électromagnétiques.

Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques de  l'Anses,  a même été plus affirmatif: «on interdit pas mais on  déconseille pour  les enfants l'usage du téléphone portable en mode  conversation», a-t-il  expliqué.

Chantal Jouanno favorable à un durcissement

L'utilisation du portable pour des SMS ou avec une oreillette limite déjà fortement l'exposition. Le souci de protéger les plus jeunes enfants des ondes émises par les téléphones a été inscrit dans la loi Grenelle 2.

Un article stipule que la vente d'équipements  radioélectriques «dont  l'usage est spécifiquement dédié aux enfants de  moins de six ans peut  être interdite par arrêté du ministre chargé de la  Santé, afin de  limiter l'exposition excessive des enfants».

«Les textes n'ont pas été pris», regrette Chantal Jouanno,  sénatrice  de Paris, favorable à un durcissement de la réglementation sur  le  sujet. «L'Anses est très claire sur les messages de prudence à  l'égard des  enfants, elle ne banalise pas le téléphone portable»,  poursuit  l'ex-secrétaire d'Etat à l'Ecologie qui souhaiterait «un  message plus  clair des autorités politiques».

Interrogée précisément sur l'interdiction des appareils pour  les  moins de six ans, Marisol Touraine a répondu mercredi que le   gouvernement prendrait «le temps nécessaire pour examiner les   conséquences à tirer» du rapport de l'Anses.

Développement cérébral dans la première enfance

«Je peux vous confirmer que nous étudierons les  recommandations de l  'Anses pour limiter l'exposition individuelle des  publics de jeunes  enfants et adolescents», a promis à l'Assemblée  nationale, le ministre  de l'Ecologie Philippe Martin.

«Mon ministère a déjà saisi l'Anses sur les risques éventuels   générés par des équipements radioélectriques destinés aux enfants de   moins de six ans», a-t-il ajouté.

Selon le directeur général adjoint scientifique de l'Anses,  Gérard  Lasfargues, les résultats du travail spécifique sur les enfants   devraient être rendus publics «début 2014».

«Le développement cérébral est continu jusqu'à la fin de la  puberté,  mais ce qui est important c'est la première enfance». «A la  naissance,  le cerveau d'un enfant pèse environ 400 grammes et à 4 ans,  il fait  déjà 1,2 kg», précise le responsable.

«Sachant qu'un cerveau adulte pèse environ 1,4 kg en moyenne,  cela  veut dire que les fonctions cérébrales et la majorité des  fonctions  cognitives liées au développement cérébral se mettent en place  avant 6  ans, même si entre 14 et 18 ans, au niveau du cortex cérébral,  il y a  encore des zones qui se façonnent».

«Le vrai débat ce sont les téléphones  portables».

L'agence sanitaire va donc passer en revue les études  scientifiques  centrées sur les enfants. Une étude d'envergure, baptisée  «Mobikids», a  également été lancée dans 13 pays européens pour étudier  un éventuel  lien entre exposition aux ondes et tumeurs cérébrales mais  les  résultats ne sont pas attendus avant trois ans pour l'ensemble des   pays.

Quant à l'interdiction du portable dans les écoles et les  collèges,  également dans la loi de juillet 2010, elle est peu mise en  oeuvre.  Contrairement au Sénat, qui avait voté une interdiction totale,  les  députés l'avaient finalement renvoyée «aux lieux prévus dans le   règlement intérieur» de ces établissements.

«Cela n'a pas la même force qu'une interdiction par la loi»,  déplore  Chantal Jouanno, pour qui aujourd'hui «il faut arrêter de  focaliser  sur les antennes, le vrai débat ce sont les téléphones  portables».