Le gouvernement dévoile sa stratégie pour un meilleur accès aux soins

SANTE La ministre de la Santé Marisol Touraine a détaillé lundi la nouvelle stratégie sanitaire nationale esquissée début février à Grenoble par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault...

20 Minutes avec AFP
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Marisol Touraine à la sortie d'un conseil des ministres, à Paris le 10 avril 2013.
Marisol Touraine à la sortie d'un conseil des ministres, à Paris le 10 avril 2013. — V. WARTNER / 20 MINUTES

«J'ai aujourd'hui la conviction qu'il faut refonder notre système de santé», affirmait la ministre dans un entretien à Libération à quelques heures de la présentation de la stratégie sanitaire. Elle soulignait que «la transformation de notre système est un chantier considérable».

Plus tard dans la matinée, la ministre a explicité devant la presse les trois «piliers» de cette stratégie: «prévention», «révolution des soins de premier recours» et développement des droits des malades. Une loi sera présentée au Parlement en 2014.

Plus d’avance de frais

En ce qui concerne le tiers payant, dont la ministre a annoncé la généralisation, il permet de ne pas avancer l'argent d'une consultation chez un médecin. Celle-ci est remboursée directement au médecin par l'assurance maladie et la complémentaire. Il s'agit d'une promesse de François Hollande pendant sa campagne présidentielle.

«D'ici à 2017, quand vous irez voir votre médecin, vous n'aurez plus à avancer le prix de la consultation, comme c'est déjà le cas en pharmacie», a expliqué la ministre, et «dès la fin de l'année prochaine», «le tiers payant sera ainsi possible pour les ménages aux revenus modestes», les bénéficiaires de l'aide à la complémentaire santé.

Cette mesure concernera l'ensemble de la médecine de ville, les consultations chez les médecins du secteur 1 (ne pratiquant pas de dépassement d'honoraires) et du secteur 2 dès lors que les mutuelles prendront en charge le dépassement d'honoraires, a-t-elle précisé devant la presse.

Marisol Touraine a reconnu que cette disposition allait s'appliquer «par étapes», car «c'est techniquement assez compliqué». «Il faut que le médecin soit payé sans avoir à faire des démarches trop compliquées», a-t-elle noté.

Reste aussi à trancher «la question, qui n'est pas simple de savoir, comment nous traitons le sujet de la franchise de un euro de consultation qui n'est pas remboursé», a reconnu Marisol Touraine.

200 praticiens territoriaux fin 2013

Actuellement, le tiers payant est octroyé seulement aux bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie universelle) et de l'AME (Aide médicale d'Etat).

La CSMF (syndicat de médecins libéraux) a exprimé lundi matin son «scepticisme», redoutant que «cette mesure, certes sociale, soit inadaptée à la pratique».

Pour la CSMF, la généralisation du tiers payant n'est pas «une potion magique». «Il ne fera pas diminuer les recours aux urgences (...), il ne fera pas, hélas, non plus baisser la violence dont sont victimes les médecins (...) Surtout, le risque inflationniste réel consécutif à la démonétisation de la valeur des actes et des consultations n'a pas été vraiment débattu», a déploré le syndicat dans un communiqué.

«Escroquerie médiatique».

De son côté, la Fédération des médecins de France (FMF) a prévenu qu'elle allait s'opposer à cette «mesure démagogique», cette «escroquerie médiatique».

La ministre de la Santé a indiqué par ailleurs que pour faciliter l'accès aux soins dans les déserts médicaux, le gouvernement allait ouvrir «très prochainement» plus de 300 maisons de santé pluridisciplinaires et installer les «praticiens territoriaux».

«Il y en aura 200 à la fin de l'année», dit-elle dans Libération. «Ce sont des médecins généralistes qui s'installent dans des zones désertées, et on leur assure un revenu garanti de 3.600 euros par mois».