Mariage gay: Poursuite du bras de fer entre le maire basque d'Arcangues et les autorités

SOCIETE Il continue d'affirmer qu'il ne procèdera pas à des mariages homosexuels dans sa mairie...

20 Minutes avec AFP
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Le maire d'Arcangues, Jean-Michel Colo, le 24 juin 2013.
Le maire d'Arcangues, Jean-Michel Colo, le 24 juin 2013. — GAIZKA IROZ / AFP

Il persiste et signe. Le maire  d'Arcangues dans les Pyrénées-Atlantiques, qui refuse de marier deux  homosexuels, a annoncé ce lundi au sous-préfet de Bayonne qu'il  n'appliquerait pas la loi sur le mariage pour tous en dépit des sanctions encourues.

Le maire divers droite, Jean-Michel Colo, a demandé un  nouveau délai de réflexion pour l'exécutif de sa commune. Il a été reçu à  la sous-préfecture alors que quelque 200 personnes manifestaient aux  abords du bâtiment, pour et contre le mariage gay. Un rassemblement qui a brièvement tourné à l'échauffourée et s'est soldé par une garde à vue.

Le sous-préfet, Patrick Dalennes, a indiqué à l'AFP qu'il  avait rappelé à l'élu qu'il avait convoqué par écrit «le cadre légal  ainsi que ses responsabilités de maire et d'officier d'état civil», et «les sanctions qu'il encourt s'il ne respecte pas la loi».

«Je ne cèderai pas»

Selon Patrick Dalennes, le maire lui a dit «qu'en toute conscience il ne se voyait pas appliquer la loi».

Sorti après une heure d'entretien sous les applaudissements de 200 personnes du collectif Manif pour tous, opposé au mariage  gay, Jean-Michel Colo a remercié pour «ce soutien» et indiqué que le sous-préfet  lui avait donné «un petit sursis jusqu'à jeudi, jour où je dois me  réunir avec mes adjoints pour prendre une décision».

«Personnellement je ne cèderai pas», a-t-il ajouté aussitôt.

Le sous-préfet dément

Une version que ne cautionne pas le sous-préfet. «Formellement il ne lui a pas été notifié de délai», a dit Patrick Dalennes. «J'ai noté sa demande mais la décision ne m'appartient pas, je dois en  référer au préfet.»

Interrogé par des journalistes sur le point de savoir s'il avait le sentiment de devenir le héros des opposants au mariage homosexuel, Jean-Michel Colo a dit ne pas avoir «la grosse tête», se sentir «bien dans (ses) pompes» et «en phase avec (sa) conscience».

Questionné au sujet de conseillères municipales disposées à  marier des couples homo s'il leur accordait cette délégation de pouvoir,  Jean-Michel Colo a botté en touche, répondant que «les conseillères n'ont rien à  voir là-dedans».

En marge de ce rassemblement, un manifestant favorable au mariage  gay a été interpellé et placé en garde à vue pour «faits de violence»,  après un échange de coups qui a duré quelques secondes entre une poignée  de manifestants, rapidement séparés par la police, a constaté une  correspondante de l'AFP.

 Prochains dépôts de plaintes 

 Plusieurs orateurs avaient pris la parole pour défendre le  maire réfractaire, au milieu du groupe qui brandissait des pancartes: «On veut du boulot, pas du mariage homo», et scandait des slogans hostiles à la loi Taubira et au gouvernement.

Serge Harismendy, président départemental de la Manif pour  tous, a expliqué à l'AFP toute son admiration pour le maire qui «a osé  affronter les menaces et les pressions».

A quelques dizaines de mètres de l'autre côté de la rue, une dizaine de partisans du mariage pour tous avaient déployé une banderole avec ces mots: «Homophobe - Intégriste - Facho: on veut tes droits, pas ton avis.»

La brève échauffourée entre trois ou quatre personnes s'est  produite alors qu'un membre de ce groupe s'est approché des manifestants  soutenant Jean-Michel Colo.

Rappelé à l'ordre par Manuel Valls

Le refus du maire d'Arcangues de marier un couple d'hommes  dans sa commune lui a valu la condamnation de plusieurs associations et  les menaces du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui a rappelé que  les maires réfractaires s'exposaient à des «sanctions importantes».

Un maire peut être condamné pour discrimination en cas de  dépôt de plainte et risque «jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000  euros d'amende». Il peut également être suspendu en Conseil des  ministres, ou révoqué.

Le couple formé par Jean-Michel Martin et Guy Martineau-Espel  a, pour sa part, annoncé son intention de porter plainte «pour  discrimination à caractère homophobe». Il entend aller «jusqu'à la Cour  européenne des Droits de l'Homme» pour faire valoir son droit, a précisé Martineau-Espel.

Vendredi l'association de lutte contre l'homophobie Idaho  (International Day against Homophobia and Transphobia) avait aussi  annoncé son intention de déposer plainte pour discrimination contre Jean-Michel  Colo.