Santé: Des médecins du travail protestent contre des plaintes d'entreprise

20 Minutes avec AFP
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  Trois médecins  du travail sont confrontés à des plaintes auprès du conseil de l'Ordre  des médecins déposées par des entreprises qui souhaitent faire invalider  des certificats médicaux établis par eux, au sujet de la santé  psychique de salariés, a-t-on appris lundi auprès de leurs soutiens.

Ces trois médecins du travail, les docteurs Delpuech exerçant  dans l'Ain, Huez et Berneron d'Indre-et-Loire, sont soutenus par  plusieurs syndicats médicaux et des associations. Une pétition sur  Internet a été lancée et a déjà recueilli 800 signatures, dont la moitié  de médecins du travail.

Le Dr Dominique Huez, qui travaille à la centrale nucléaire  de Chinon, est convoqué mardi devant une commission de conciliation de  l'Ordre des médecins d'Indre-et-Loire à Tours, pour y rencontrer des  avocats du plaignant, un sous-traitant d'EDF.

Un certificat médical produit dans le cadre d'une plainte pour harcèlement

L'objectif de cette réunion, a affirmé le médecin à l'AFP,  est de le faire revenir sur un certificat médical qu'il a délivré au  sujet d'un ouvrier de maintenance, qui fait le lien entre l'état très  dépressif de l'ouvrier et son travail.

Or, par la suite, cet ouvrier a produit ce certificat dans le  cadre d'une plainte pour harcèlement moral contre son employeur, devant  les prud'hommes.

Selon le Dr Huez, par ailleurs syndiqué à la CGT, "les  avocats des employeurs ont compris qu'il fallait faire invalider" ce  type de certificat médical.

"Je ne me rendrai pas à cette réunion de conciliation",  a-t-il affirmé. Son absence entraînera sa comparution devant la chambre  disciplinaire, a prévenu l'Ordre dans le courrier de convocation qui lui  a été adressé et que l'AFP a pu consulter.

Un des deux autres médecins poursuivis, le Dr Elizabeth  Delpuech de Bourg-en Bresse, a déjà reçu un blâme de son Ordre  départemental et a fait appel devant le conseil national.

Le Syndicat National des Professionnels de Santé au Travail  (SNPST) a exprimé "son inquiétude devant ce type de procédure engagée  par un employeur contre un médecin du travail devant la juridiction  professionnelle".

"L'exercice de la médecine du travail amène notamment à faire  des constatations d'atteinte à la santé des salariés et à les mettre en  lien avec des facteurs professionnels (...) Bien sûr, certaines  constatations peuvent aller à l'encontre des intérêts d'un employeur, en  particulier lorsqu'elles amènent à pointer des pratiques managériales  dangereuses pour la santé des salariés", ajoute le syndicat dans un  communiqué.