Suicide: La France mauvaise élève en Europe

Isabelle Raynaud
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FRA/ ILLUSTRATION SUR LE PROZAC
FRA/ ILLUSTRATION SUR LE PROZAC — DURAND FLORENCE/SIPA

En vingt-cinq ans, le nombre de personne se suicidant en France a diminué de 25%, et même de 50% pour les adolescents. En 2010, 10.509 personnes ont cependant mis fin à leurs jours. «Un constat édifiant» selon Didier Bernus, qui a présenté ce mardi un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur le suicide, intitulé Plaidoyer pour une prévention active.

«Trente personnes décèdent chaque jour, il y a une tentative toutes les secondes», a détaillé le rapporteur en présentant son avis devant les membres du CESE. «Le suicide doit être l’affaire de tous. Il constitue un indicateur de l’état de notre société», a déclaré Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé.

La France à la traîne

En 2010, le taux de décès par suicide en France était de 14,7 pour 100.000 habitants. Un taux en baisse: il était de 16,3 pour 100.000 en 2007, mais toujours au-dessus de la moyenne européenne (10,2 pou 100.000 habitants).

Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la France a un taux parmi les plus élevés:

  • Grèce (2009): 3,5 pour 100.000
  • Italie (2008): 6,5 pour 100.000
  • Royaume-Uni (2009): 6,9 pour 100.000
  • Espagne (2008): 7,6 pour 100.000
  • Allemagne (2010): 12,3 pour 100.000

Seule la Belgique a un taux supérieur (19,4 pour 100.000) parmi les pays d’Europe occidentale.

Création d’un observatoire du suicide

Pour lutter contre ce phénomène, l’avis du CESE recommande notamment de répertorier et analyser les données épidémiologiques autour du suicide pour évaluer les actions préventives et donc les améliorer. «Le suicide n’est pas une fatalité, le prévenir est possible», a assuré Didier Bernus.

La ministre a repris à son compte cette proposition et affirmé vouloir créer «un observatoire du suicide.» Un rapport annuel sera rendu pour s’en servir comme base de travail. Marisol Touraine veut également développer la formation des professionnels au contact des personnes «les plus vulnérables», notamment les personnels scolaires, pour prévenir le suicide des plus jeunes. Le médecin traitant doit retrouver sa «place centrale» dans l’accompagnement des personnes ayant tenté de se suicider.

«Il faut aujourd’hui refonder la politique de prévention du suicide», a conclu la ministre, qui veut mettre en place une campagne interministérielle pour mener «une politique ambitieuse».