Meurtre d’Elodie Kulik: Le point sur l’affaire
JUSTICE Six personnes ont été libérées, mais un homme a été écroué ce vendredi. Il pourrait s’agir d'un complice du meurtre mystérieux de la jeune banquière en 2002...
Le scénario du crime: Violée et étouffée
Le 10 janvier 2002, Elodie Kulik, 24 ans, jeune directrice d’agence bancaire à Péronne passe la soirée dans un restaurant avec un ami. A 0h20, les pompiers reçoivent un appel brusquement coupé après des hurlements. Sur la bande, «la voix de la victime qui appelait au secours», selon le procureur de la République, et plusieurs voix d’hommes avec un fort accent picard sont entendues.
Son corps est retrouvé dénudé et en partie calciné dans une décharge de Tertry le 12 janvier. L’autopsie révèle qu’elle a été violée et étranglée. Un préservatif et un mégot sont retrouvés à côté du cadavre, permettant le relevé de deux empreintes ADN, et dix ans plus tard, l’identification de Grégory Wiart.
Jacky Kulik, le père d'Elodie Kulik espère «qu'on saura enfin toute la vérité» sur le meurtre de sa fille. «Pour moi, c'est une bonne nouvelle qu'on ait enfin mis la main sur cet individu», a-t-il souligné. «Mon avocat et les magistrats en sont témoins, j'ai toujours soupçonné sa présence sur les lieux», a-t-il indiqué à l’AFP.
Le principal suspect
Identifié par son ADN en 2012, dix ans après les faits, Grégory Wiart reste le principal suspect du viol et du meurtre. Mais impossible de le convoquer, puisqu’il a trouvé la mort en 2003 dans un accident de voiture, quelques mois après la mort de la jeune femme. Il avait été identifié grâce à une méthode alors inédite qui faisait appel à l’ADN de son père, enregistré au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg).
L’homme arrêté
L'homme de 39 ans mis en examen ce vendredi matin pour meurtre, viol et séquestration s’appelle Willy Bardon. Il a été incarcéré à Amiens dans la matinée et entendu dans la journée. Le suspect n'a pas d'antécédent judiciaire et a déjà été entendu dans le cadre de cette enquête.
Interpellé mercredi matin avec six autres hommes qui ont été remis en liberté depuis, il a ensuite été présenté à la juge d'instruction chargée du dossier qui l'a mis en examen pour meurtre, viol et séquestration. Avant d’être présenté au juge des libertés et de la détention, qui a ordonné son placement sous mandat de dépôt.
Présenté tantôt comme un ancien fusilier marin, détenteur d'un CAP de plomberie qui tiendrait un bar, tantôt comme travaillant dans la mécanique, c’était un ami de Grégory Wiart. Il faisait partie de «son entourage de beuveries, de virées nocturnes», selon les termes du père d'Elodie Kulik. Selon Le Point, les écoutes téléphoniques dévoileraient un personnage «très cru dans ses propos et parlant des femmes en termes vulgaires». Depuis la reprise de l’enquête, son comportement aurait changé et «il ne sortait plus».
D’après les dires de Bernard Farret, procureur de la République d’Amiens, il aurait «varié dans ses déclarations, admettant à un moment donné que la voix se trouvant sur la bande sonore était la sienne, puis disant qu’en réalité ladite voix ressemblait uniquement à la sienne». Selon, le procureur, «cinq personnes» parmi ses proches, «auraient reconnu sa voix» sur un enregistrement d’une conversation téléphonique réalisé peu avant la mort de la victime. L’intéressée nie pourtant toute implication dans les faits qui lui sont reprochés.
En avril 2012, le quotidien régional l’Union avait rencontré Willy Bardon. Il affirmait alors: «Je ne vois pas qui aurait pu être avec lui cette nuit-là. Pour ma part, je n'aurais pas pu basculer dans un truc comme ça… Jamais de la vie.»
Les autres personnes interpellées
Agés de 28 à 45 ans, les six autres personnes qui ont été interpellées mercredi ont été libérées. Elles faisaient toutes partie du même club de 4X4 que Grégory Wiart. Les enquêteurs, persuadés de la présence de plusieurs personnes au moment du crime, ont multiplié les enquêtes dans l'entourage de ce principal suspect.
L'ancienne compagne de ce dernier a été entendue en décembre 2012 avant d'être libérée. L'enquête «se poursuit», «sans aucune certitude sur le nombre de personnes impliquées» a estimé le procureur ce vendredi.