Rapport annuel du Secours catholique: «La descente aux enfers peut être très rapide»

PAUVRETE Le Secours catholique alerte sur la précarisation des familles...

Delphine Bancaud
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Chômeurs, étrangers sans ressources mais aussi salariés: près d'1,5 million de personnes ont eu recours à l'aide du Secours catholique en 2009, un nombre en augmentation compte tenu de la crise économique.
Chômeurs, étrangers sans ressources mais aussi salariés: près d'1,5 million de personnes ont eu recours à l'aide du Secours catholique en 2009, un nombre en augmentation compte tenu de la crise économique. — Thierry Zoccolan AFP

«Personne n'est à l'abri d'un revers de fortune», confie Michel Alonso, qui vit à Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne). Ce père de trois enfants s'est retrouvé du jour au lendemain sans revenus, entre octobre 2011 et mai 2012. Une situation qui n'est pas rare, à en croire le rapport annuel du Secours catholique qui paraît ce jeudi. L'association souligne la précarisation des familles ces dix dernières années; elles représentent désormais 53% des personnes rencontrées par les bénévoles du Secours catholique, contre 47% en 2001.

Une chute inattendue

«La descente aux enfers peut être très rapide», insiste Michel Alonso. «La nôtre a commencé le jour où ma femme a perdu son emploi, alors que j'avais précédemment démissionné pour me rapprocher géographiquement de ma famille. Après avoir cotisé quarante-cinq ans, je pensais avoir droit à des indemnités chômage. Mais comme j'avais démissionné, je n'ai eu le droit à rien. Ma femme non plus. Et nous n'étions pas éligibles au RSA, car nous avions perçu des salaires les trois précédents mois. Nous avons seulement obtenu 150 euros d'aide du conseil général une fois, et j'ai dû solliciter mes parents, qui n'avaient pas les moyens de nous aider beaucoup. On a subi des coupures de gaz et on est passé à quinze jours de la coupure d'électricité. Une spirale infernale. Et quelle douleur d'avoir à expliquer cette nouvelle donne aux enfants… J'ai dû mettre ma fierté de côté et tapé à la porte du Secours catholique. J'y ai reçu des colis alimentaires qui ont permis de nourrir ma famille lors de ces six mois d'horreur. Et une écoute formidable. Grâce à ce soutien, ma femme et moi avons repris confiance et nous avons retrouvé un emploi. Il nous reste encore 2.000 euros à rembourser, mais le plus dur est derrière nous. Et aujourd'hui, je suis à mon tour bénévole au Secours catholique où je distribue des colis alimentaires. Une manière de rendre un peu de ce que l'on m'a donné.»