PIP: Jean-Claude Mas remis en liberté sous contrôle judiciaire

JUSTICE Le juge marseillais qui instruit le volet financier de l'affaire a statué ce lundi sur une demande de remise en liberté de Jean-Claude Mas, fondateur de PIP...

© 2012 AFP
— 
Jean-Claude Mas, fondateur de la société de prothèses mammaires PIP qui se trouve au coeur d'un scandale sanitaire mondial, s'apprête à retrouver la liberté après huit mois de prison, avec en ligne de mire un premier procès, très attendu par les victimes, au printemps 2013.
Jean-Claude Mas, fondateur de la société de prothèses mammaires PIP qui se trouve au coeur d'un scandale sanitaire mondial, s'apprête à retrouver la liberté après huit mois de prison, avec en ligne de mire un premier procès, très attendu par les victimes, au printemps 2013. — Eric Estrade afp.com

Jean-Claude Mas, le fondateur de la société de prothèses mammaires PIP, au coeur d'un scandale sanitaire mondial, est sorti à pied lundi après-midi de la prison du Pontet (Vaucluse), après avoir été remis en liberté sous contrôle judiciaire par un juge, a constaté un photographe de l'AFP.

Coiffé d'un bonnet bleu, deux baluchons sous le bras, Jean-Claude Mas, 73 ans, visiblement amaigri et fatigué, est sorti vers 16h de prison, où sa famille devait venir le chercher après huit mois de détention provisoire. Il retrouve la liberté après huit mois de prison, avec en ligne de mire un premier procès, très attendu par les victimes, au printemps 2013.

>> Tous nos articles sur l'affaire PIP sont par ici

Le juge marseillais, qui instruit le volet financier de l'affaire a statué ce lundi sur une demande de remise en liberté déposée par son avocat, Me Yves Haddad, le 17 octobre. Jean-Claude Mas va donc être libéré et placé sous contrôle judiciaire. «Le juge vient de rendre l'ordonnance de remise en liberté sous contrôle  judiciaire», a annoncé à l'AFP Me Yves Haddad, qui n'avait pas encore  connaissance des conditions précises du contrôle judiciaire.

Mercredi, Me Yves Haddad avait déclaré à l'AFP que «théoriquement, il ne devrait pas faire autre chose que le mettre dehors, en le plaçant sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer une ou plusieurs fois par semaine au commissariat». La période de détention provisoire de Jean-Claude Mas, actuellement détenu à la prison du Pontet (Vaucluse), échoit en effet le 4 novembre.

«Cruauté judiciaire»

L'homme de 73 ans, mis en examen en janvier pour blessures involontaires dans le dossier sanitaire du scandale PIP, avait été placé en détention provisoire pour quatre mois en mars, faute d'avoir versé la caution prévue dans le cadre de son contrôle judiciaire. Il devait être libéré début juillet mais avait alors été replacé pour quatre mois en détention provisoire, cette fois dans le cadre de l'instruction de nature financière, ce que son avocat avait dénoncé comme une «cruauté judiciaire». La justice avait fait valoir un risque de fuite à l'étranger.

«Ce risque existe encore, mais j'ai quand même confiance en notre système judiciaire», souligne Me Philippe Courtois, du barreau de Bordeaux, qui représente plus de 2.300 victimes regroupées en association. Selon lui, ses clientes préféreraient certes le savoir en prison, mais elles ont été soulagées par l'annonce début octobre des dates du premier procès, pour «tromperie aggravée», prévu du 17 avril au 14 mai à Marseille. «C'est "un premier pas vers la reconnaissance" de leur souffrance», estime le conseil.

180 avocats, 4.380 plaignants français et 220 plaignants étrangers

Sont attendus à ce procès hors normes environ 180 avocats, 4.380 plaignants français et 220 plaignants étrangers. Outre le fondateur de l'usine PIP de La Seyne-sur-Mer (Var), quatre anciens cadres (le président du directoire Claude Couty, la directrice de la qualité Hannelore Font, le directeur technique Loïc Gossart et le directeur produits Thierry Brinon) comparaîtront à l'audience.

L'affaire avait éclaté fin mars 2010 avec le retrait des prothèses PIP du marché français et la liquidation judiciaire de la société varoise, qui utilisait illégalement, depuis la fin des années 2000, un gel de silicone fait maison en remplacement d'un gel médical homologué. Le nombre de porteuses de prothèses PIP serait d'environ 30.000 en France et de plusieurs dizaines de milliers à l'étranger, l'usine de La Seyne-sur-Mer ayant été dans le passé le troisième fournisseur mondial d'implants mammaires, exportant en Europe, en Amérique du Sud et en Asie.

Né à Tarbes le 24 mai 1939, Jean-Claude Mas, qui n'a pas fait d'apparition publique depuis que le scandale a éclaté, avait fondé PIP en 1991. «Géo Trouvetou» selon son avocat, désormais «escroc» pour beaucoup d'autres, il a admis avoir produit un gel de silicone non homologué mais réfuté tout danger. «Je savais que ce gel n'était pas homologué, mais je l'ai sciemment fait car le gel PIP était moins cher (...) et de bien meilleure qualité», avait expliqué Jean-Claude Mas en octobre 2011 aux gendarmes.