De « The Monkees » à « Daisy Jones & The Six », le rock est la « guest star » incontournable des séries

SET LIST A l’occasion de la sortie de la très attendue « Daisy Jones & The Six », « 20 Minutes » explore les liens entre le monde du rock et celui des séries télévisées

Anne Demoulin
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Riley Keough et Sam Claflin dans  « Daisy Jones & The Six ».
Riley Keough et Sam Claflin dans « Daisy Jones & The Six ». — LACEY TERRELL/PRIME VIDEO
  • Amazon Prime Video a dévoilé, ce vendredi, les trois premiers épisodes de Daisy Jones & The Six, une série très attendue sur le monde du rock’n’roll des années 1970.
  • Et alors qu’elle n’est pas sortie, la série HBO The Idol, portée par The Weeknd et Lily-Rose Depp, fait, elle, déjà scandale à en croire le dernier numéro du magazine américain Rolling Stone.
  • A l’occasion de la sortie de Daisy Jones & The Six, 20 Minutes planche sur ce monde du rock qui a envahi celui des séries, avec ses bœufs plus ou moins réussis.

Séries, drogues et rock’n’roll. Amazon Prime Video a dévoilé ce vendredi les trois premiers épisodes de Daisy Jones & The Six, une série très attendue sur le monde du rock’n’roll des années 1970. Les dix épisodes sont produits par Reese Witherspoon et créée par Taylor Jenkins Reid d’après son best-seller éponyme, qui avait squatté la liste des dix meilleures ventes de livres du New York Times pendant cent semaines consécutives. Daisy Jones & The Six est vaguement inspirée par la collaboration du groupe britannique Fleetwood Mac avec la chanteuse américaine Stevie Nicks et l’enregistrement de leur plus gros succès, l’album Rumours, sorti en 1977. Ou comment un groupe de rock, mené par le déglingué Billy Dunne (Sam Claflin), est passé de l’obscurité à la gloire le temps d’un disque, en s’associant avec Daisy Jones (Riley Keough), une chanteuse aussi talentueuse que charismatique.

Si le rap a Empire ou encore Atlanta, la musique country, Nashville, et la musique classique, Mozart in the Jungle, il manquerait au rock’n’roll sa série dramatique prestigieuse. Daisy Jones & The Six pourra-t-elle combler le manque ? A en croire l’enquête publiée par Rolling Stone ce mercredi, il ne faudra en tout cas pas compter sur The Idol, série HBO repoussée à de maintes reprises et créée par le chanteur The Weeknd, le producteur Reza Fahim et le showrunner de Euphoria Sam Levinson.

Une « monkeemania » durant deux saisons

Selon le célèbre magazine américain, cette romance entre une jeune chanteuse pop (Lily-Rose Depp) et l’énigmatique propriétaire d’un club de Los Angeles (The Weeknd) ferait la promotion de la culture du viol. Et serait donc bien loin des séries iconiques qui se sont inspirées de l’histoire du rock mais l’ont aussi grandement marqué. Lily-Rose Depp serait donc loin d’éclipser The Monkees qui, au mitan des années 1960, a fait entrer le rock dans le monde des feuilletons télévisés. Réponse américaine à la « beatlemania », The Monkees, singeant les loufoqueries des quatre garçons dans le vent dans le film A Hard Day’s Night, suit les tribulations d’un groupe de rock éponyme, créé spécialement pour les besoins de la série. Le show et la formation musicale connaissent un grand succès, engendrant une « monkeemania » avant de s’essouffler au bout de deux saisons.

C’était sans compter l’apparition d’un Alice Cooper déjanté dans Monk, de Sonic Youth et du groupe No Doubt dans Gossip Girl ou de Black Sabbath dans Les Experts et de The Cranberries dans Charmed, de The Violent Femmes dans Sabrina, l’apprentie sorcière et des Beach Boys dans Alerte à Malibu. On ne compte plus les caméos à la pelle dans Newport Beach (The Killers, Subways, Modest Mouse, etc.) et on se rappellera de David Bowie qui joue les Rod Serling, le créateur de Twilight Zone, en présentant l’anthologie Les Prédateurs ou de Johnny Hallyday dans la peau du policier David Lansky. La palme revient à Iggy Pop qui joue les extraterrestres dans un épisode de Star Trek : Deep Space Nine !

Des daubes et des « side projects » de qualité

Bref, rock et culture pop ont finalement toujours été très liés. Et pas qu’à l’image puisque les artistes squattent évidemment les bandes originales. En 1985, Eric Clapton signe celle du thriller écolo de la BBC, Edge of Darkness, Bernie Bonvoisin de Trust celle de la série d’anticipation Les Hordes en 1991, Mogwaï celle des Revenants en 2012, Nick Cave, celle de Peaky Blinders en 2013.

Reste que les séries télévisées n’ont pas toujours été à la hauteur des légendes du rock. Malgré Cameron Crowe (Jerry Maguire) et JJ Abrams au générique, Roadies, du nom des techniciens qui montent et démontent chaque soir les scènes des concerts, s’est arrêtée au bout d’une saison. Vinyl, alléchante chronique d’une maison de disques dans le New York des années 1970, produite par Martin Scorsese et Mick Jagger, s’est, elle, embourbée en deux saisons dans une intrigue criminelle sans intérêt. Quant aux deux saisons de la série FX, Sex & Drugs & Rock & Roll, de et avec Denis Leary, elles n’ont pas fait l’unanimité.

Quelques projets moins ambitieux ont toutefois réussi à trouver le bon accord. La minisérie de CMT, Sun Records, en relatant l’histoire de Sam Phillips qui a signé, entre autres, Elvis Presley, Johnny Cash, Carl Perkins et Jerry Lee Lewis, a su raconter les origines du genre musical en 2017. En 1998, Comment devenir une rock star ?, a su conter l’histoire de la britpop avec Noel Gallagher (Oasis) en guest star. Cette minisérie britannique en six épisodes raconte comment monter un groupe de rock, un passage presque obligé des teens dramas de Happy Days à Freaks and Geeks… en passant par Hélène et les garçons.

Et en attendant le Mad Men du rock’n’roll, on ne boudera toutefois pas son plaisir devant les performances vocales impeccables de Riley Keough dans les dix épisodes de Daisy Jones & The Six, qui n’est autre que la petite fille du King en personne, Elvis Presley.