Alerte à la cocaïne vermifuge aux Etats-Unis

SANTE Le coupable de plusieurs cas de nécrose de tissus semble avoir été identifié: le levamisole, un agent en général utilisé pour le bétail, et de plus en plus employé pour «couper» la cocaine...

Philippe Berry
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Des patients victimes de nécrose cutanée après avoir consommé de la cocaïne coupée au levamisole.
Des patients victimes de nécrose cutanée après avoir consommé de la cocaïne coupée au levamisole. — KTLA

De notre correspondant à Los Angeles

Nez poudré, peau nécrosée: tel sera peut-être le prochain avertissement lancé par les campagnes anti-cocaïne. A Los Angeles et à New York, l'alerte a été sonnée, alors que plusieurs mystérieux cas ont tenu en haleine les médecins. Une douzaine de patients se sont présentés dans plusieurs hôpitaux, avec des symptômes similaires: leurs vaisseaux sanguins, notamment du nez et des oreilles, semblaient être attaqués par un étrange mal causant une nécrose des tissus. En clair, la peau se met à pourrir.

La réponse a finalement été donnée dans le Journal of the American Academy of Dermatology, rapport KTLA. Ce serait un effet secondaire, assez rare et mal compris, du levamisole, un agent vermifuge utilisé par les vétérinaires et les fermiers pour le bétail.

Un usage inexpliqué

Des cas similaires avaient été signalés à Seattle et en Suède depuis deux ans. Pour des raisons inexpliquées, le levamisole est de plus en plus utilisé pour «couper la cocaïne»: il était présent dans 3% des stocks interceptés par les autorités américaines en 2005, et dans 73% en 2009.

A priori, le levamisole n'est pourtant pas le produit le moins cher pour allonger la cocaïne. Les experts peinent à expliquer son emploi. Il était autorisé chez l'homme, notamment dans certaines chimiothérapies mais a été interdit aux Etats-Unis en 2000, à cause d'effets secondaires néfastes sur le système immunitaire. Certains experts spéculent sur son rôle possible de catalyseur pour la cocaïne, pour un buzz plus prononcé et addictif. Il semble également que la cocaïne coupée au levamisole passe les tests de «pureté» des dealers.

Un décès a été enregistré. Pour les autres cas, il semble que les dommages ne soient pas irréversibles: selon les médecins, un patient qui a changé de dealer a vu son état s'améliorer. Sinon, il reste aussi le solution de ne pas y toucher.

Contacté par 20minutes.fr, l'un des docteurs de l'étude, George Kroumpouzos, de l'université de Brown, avertit: «Il n'y a pas besoin d'être un consommateur régulier. Même fumer du crack (un dérivé de la cocaïne) une fois ou deux peut suffire pour être affecté».