Alpes-Maritimes : Des microalgues pour décontaminer les eaux usées, les travaux d’une chercheuse récompensés

SCIENCES Postdoctorante à l’Inria de Sophia-Antipolis, Francesca Casagli explore un procédé d’épuration des eaux usées qui permettrait de valoriser les résidus. Elle reçoit, ce mercredi, le Prix jeunes talents L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science

Fabien Binacchi
Francesca Casagli, récipiendaire du Prix jeunes talents L'Oréal-UNESCO pour les femmes et la science
Francesca Casagli, récipiendaire du Prix jeunes talents L'Oréal-UNESCO pour les femmes et la science — J.-C. Caslot - Fondation L’Oréal
  • Francesca Casagli cherche à « développer des biosystèmes pour l’épuration des eaux contaminées » avec des micro-algues, en plus du cocktail bactérien classique.
  • Elles permettent « d’incorporer de l’azote et du phosphore dans les boues éliminées après l’épuration des eaux qui pourront être ainsi valorisées » pour « produire des biofertilisants, des bioplastiques et même des biocarburants », indique la scientifique.

Alors que la ressource en eau est apparue, encore cet été, plus fragile que jamais, les travaux de Francesca Casagli ont trouvé un écho particulier. Récipiendaire du Prix jeunes talents L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science ce mercredi, la scientifique de 33 ans, postdoctorante à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) de Sophia-Antipolis, cherche à « développer des biosystèmes pour l’épuration des eaux contaminées ». Celles qui courent dans nos égouts.

En clair, de nouvelles façons plus vertes de traiter les 50 m3 produits annuellement en moyenne par chaque habitant des pays développés, avant de les réinjecter dans le milieu naturel. « Pour un coût et une consommation énergétique moindres », appuie la chercheuse d’origine italienne. Et c’est avec des micro-algues, en plus du cocktail bactérien classique, qu’elle construit ses modèles mathématiques. Elle travaille actuellement dans son laboratoire à l’optimisation de « l’action de ces micro-organismes en fonction de la saison ou de leur localisation ».

Les résidus utilisés pour produire des biocarburants

« Les micro-algues présentent de nombreux avantages pour éliminer les contaminants des eaux à recycler, tout en assurant une production d’oxygène nécessaire à l’activité des bactéries que l’on aurait plus à injecter de l’extérieur. Et cela représente une très grande réduction des coûts », présente Francesca Casagli. En plus, « ces bioprocédés peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre », appuie-t-elle.

L’autre plus, c’est que les microalgues permettent « d’incorporer de l’azote et du phosphore dans les boues éliminées après l’épuration des eaux qui pourront être ainsi valorisées », explique la titulaire d’un doctorat en ingénierie de l’environnement et des infrastructures obtenu au Politecnico di Milano. Plus question donc de ne rien faire de ces résidus. « Ce ne sera plus du gâchis, assure la trentenaire. Avec, nous pourrons produire des biofertilisants, des bioplastiques et même des biocarburants. Et ça, c’est une très bonne nouvelle alors que l’actualité est brûlante autour des énergies fossiles. »


Une économie circulaire

Cette nouvelle économie circulaire serait une révolution selon Francesca Casagli. « Nous pourrions tirer parti de toute cette biomasse qui, d’une certaine façon, poussera sur nos eaux usées. Un kilo d’azote a la même teneur en énergie qu’un kilo d’essence », dit-elle. Mais ces nouveaux procédés, qui intéressent la communauté scientifique depuis plusieurs années, voire des décennies, ne sont pas encore au point.

La chercheuse azuréenne s’emploie à les rendre plus économes, financièrement comme en énergie. Et pour optimiser ces hypothétiques futurs procédés d’épuration, elle « développe des méthodes impliquant l’intelligence artificielle », conclut-elle.