Après trois ans de travaux, le plus grand accélérateur de particules du monde redémarre au Cern
NOUVEAU DEPART Sa puissance a été augmentée pour pouvoir mieux étudier le boson de Higgs, découvert avant les travaux
Enfouis sous terre, dans une ambiance néons, tuyauterie et béton armé que ne renierait pas un méchant de James Bond, les boutons clignotants et les turbines reprennent du service. Après trois ans de travaux destinés à augmenter sa puissance, le Grand collisionneur de hadrons (LHC) du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), plus grand accélérateur de particules au monde, redémarre, en attendant sa version XL.
Ce vendredi vers 12 heures, « deux faisceaux de protons (particules du noyau de l’atome, NDLR) ont circulé en sens opposé le long de l’anneau de 27 kilomètres », situé 100 mètres sous terre à la frontière franco-suisse, près de Genève, indique le Cern dans un communiqué. La structure gigantesque, aux airs de chaînon manquant entre notre quotidien et la science-fiction, était en arrêt technique depuis décembre 2018 pour des travaux de maintenance et d’amélioration, dans la deuxième plus longue pause de son histoire. Les expériences au LHC, démarrées en 2008, ont notamment permis la découverte révolutionnaire du boson de Higgs, clé de voûte de la structure fondamentale de la matière.
Une reprise progressive
Le principe du collisionneur est de faire se heurter des particules à des vitesses colossales pour générer des particules élémentaires, infiniment petites. La reprise va se faire progressivement : seul un petit nombre de protons a circulé pour l’instant dans les deux faisceaux, à 450 milliards d’électronvolts, un taux de collision faible mais qui va monter en puissance. « Les collisions de haute intensité et de haute énergie se produiront dans quelques mois », précise Rhodri Jones, chef de département faisceaux du Cern, se félicitant d’un redémarrage « réussi ».
A mesure que la machine reprendra du service, les équipes vont augmenter l’énergie et l’intensité des faisceaux, pour mener des expériences de collisions d’une énergie record de 13,6 milliers de milliards d’électronvolts. Ce qui permettra aux quatre principaux détecteurs du LHC (ALICE, ATLAS, CMS et LHCb) de recevoir davantage de collisions de particules et donc de lire une masse de données bien plus grande.
Les physiciens du Cern pourront « étudier le boson de Higgs dans les moindres détails » et tester plus avant le modèle standard de la physique des particules, récemment ébranlé par plusieurs expériences. Mais la nouvelle phase d’exploration vise surtout à établir une nouvelle physique au-delà de ce modèle. Avec peut-être à terme de nouvelles particules, comme les particules supersymétriques : prédites par la théorie mais jamais mises en évidence, elles pourraient véhiculer la matière noire, grande inconnue de l’Univers.