Toulouse : Des étudiants capturent l’insaisissable parfum naturel de la violette

EMBLEME Pas facile d’obtenir la fragrance naturelle de la violette sans avoir recours à des produits artificiels. Mais des étudiants toulousains s’y attellent au détour d’un concours international de biologie moléculaire

Hélène Ménal
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Des violettes (illustration)
Des violettes (illustration) — HQ / Wikimedia Commons
  • Sur le campus de Rangueil, des étudiants vont passer l’été à reproduire, naturellement, la fragrance de la violette.
  • Dans l’industrie, le parfum de la fleur emblématique de Toulouse s’obtient souvent grâce à des produits chimiques.
  • Ce challenge a lieu dans le cadre d’un concours mondial de biologie synthétique.

Figurez-vous que la violette est une fleur dite « muette ». Au sens odorant du terme, cela signifie que sa fragrance est très difficile à capturer, à moins de presser des quantités astronomiques de cette fleur hivernale fragile plutôt compliquée à faire pousser en quantité. « Un accord de violette s’obtient souvent à base de produits pétrochimiques », pas vraiment écolos donc, souligne Camille Pin, étudiante en master 1 de biotechnologie à l'université Paul-Sabatier de Toulouse (UPS).

Elle fait partie des six étudiants​ – deux de l’UPS et quatre de l'INSA – qui sacrifient leurs vacances d’été, préférant la blouse blanche au maillot, la paillasse de laboratoire à la plage, pour s’aligner sur l'iGEM*, la prestigieuse compétition mondiale de biologie synthétique créée par le Massachusetts Institute of technologie (MIT) à Boston mais dont la finale doit avoir lieu pour la première fois en novembre à Paris.

Levures et bactéries

Cette année, après la deuxième place mondiale acquise par les Toulousains en 2020 grâce à leurs super-levures pour astronautes, l’équipe locale a la pression. Doublement même, puisqu’elle s’attaque à la fleur emblématique de Ville rose. Leur projet Elixio consiste à produire, et à enfermer dans des flacons, des fragrances de violette durables.

Comme souvent pour les concurrents de l’iGem, les étudiants travaillent à base d’une levure dont ils sont en train de « programmer » l’ADN pour qu’elle reproduise le parfum de la violette. Ils l’ont associée à une cyanobactérie qui n’utilise que de la lumière et du CO2. Les deux organismes se nourrissent mutuellement.

Alors, l’équipe iGEM Toulouse 2021 a-t-elle eu du nez ? Réponse en novembre à Paris, après un été studieux.

*International Genetically Engineered Machine