Persévérance, Pesquet dans l’ISS, James Webb Telescope… Que nous réserve 2021 sur le front de la conquête spatiale ?
ESPACE Lors de ses traditionnels vœux à la presse, Jean-Yves Le Gall, président du Cnes, l’agence spatiale française, a balayé les grands rendez-vous de l’année qui commence
- Au niveau spatial, le premier événement à cocher dans le calendrier 2021 est l’arrivée sur Mars, le 18 février, du rover Persévérance, point de départ d’une mission qui vise à rapporter sur Terre des échantillons de roches martiennes. La France y participe.
- 2021 verra aussi le retour de Thomas Pesquet à bord de la Station spatiale internationale, pour une nouvelle mission de six mois. Départ prévu au printemps.
- Enfin, Jean-Yves Le Gall attend avec impatience le lancement du James Webb Telescope, qui doit prendre la suite de Hubble et « va révolutionner l’astronomie spatiale », prédit le président du Cnes. Lancement prévu en octobre.
La fin d’année 2020 a été marquée par une mauvaise note pour le Centre national d’études spatiales (Cnes), l’agence spatiale française, avec le lancement raté, dans la nuit du 16 au 17 novembre, de Taranis. Le satellite 100 % made in France, qui devait partir percer le mystère des orages, a été perdu huit minutes après son lancement depuis Kourou.
Place désormais à 2021, qui s’annonce riche sur le volet de l’exploration spatiale pour la France. Ce mardi, lors de ses vœux à la presse, Jean-Yves Le Gall, président du Cnes, a balayé les principaux rendez-vous attendus.
L’atterrissage de Mars 2020
Le 18 février, à 21h36… On n’attendra pas bien longtemps le premier temps fort coché par Jean-Yves Le Gall. C’est à cette date et à cette heure précise que le rover Perseverance commencera son atterrissage sur la planète rouge. La Nasa a lancé cette nouvelle mission d’exploration du sol de Mars, intitulée Mars 2020, six mois plus tôt depuis Cap Canaveral [Floride]. Une fois à destination, Perseverance aura pour principale mission de collecter des échantillons de roches. Il les conditionnera dans des tubes étanches, qu’il déposera ensuite en chemin. Un autre rover, qui devrait être lancé vers 2026, complétera le travail en récupérant ces tubes et en les plaçant dans une petite fusée pour qu’ils soient envoyés en orbite autour de Mars, puis récupérés par un satellite avant d’être rapporté sur Terre. Un point final qui n’est pas attendu avant 2031 et qui pourrait permettre de faire un grand pas sur une question cruciale : y a-t-il eu de la vie sur Mars ?
Cela dit, tout l’enjeu de cette mission pourrait être condensé dans un très court laps de temps. Jean-Yves Le Gall parle ainsi des « sept minutes de terreur » que durera l’atterrissage de Perseverance sur Mars. Et sa réussite est d’autant plus cruciale pour le Cnes que la France est impliquée à plusieurs titres dans cette mission de la Nasa. Notamment dans la conception de la Supercam, l’un des sept instruments scientifiques du rover. Son principal même.
Le retour de Thomas Pesquet à bord de l’ISS
C’est le deuxième événement marquant pointé par Jean-Yves Le Gall. Les 196 jours passés à bord de la Station spatiale internationale (ISS), de novembre 2016 à juin 2017, n’ont pas rassasié l’astronaute français. Thomas Pesquet repart pour un nouveau séjour d’environ six mois dans l’espace. Le décollage est prévu ce printemps, cette fois-ci depuis Cap Canaveral à bord de Crew Dragon de SpaceX. Ce sera la deuxième mission opérationnelle du vaisseau américain depuis le début du partenariat entre la Nasa et l’entreprise spatiale d’Elon Musk.
Thomas Pasquet emmènera, de nouveau, des expériences du Cnes élaborées au Cadmos (Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales) à Toulouse. Quatorze expériences scientifiques françaises seront réalisées à bord de l’ISS lors de cette nouvelle mission.
« Nous avons aussi obtenu que l’astronaute français ait des prérogatives élargies à bord de la station, indique Jean-Yves Le Gall. Astronaute « rookie » pour sa première mission, il devrait se voir confier, cette fois-ci, l’encadrement d’expériences scientifiques. » Une montée en grade qui le place idéalement pour obtenir un ticket sur la mission Artemis III. Développée par la Nasa, celle-ci prévoit de ramener l’homme sur la Lune en 2024.
Thomas Pesquet pourrait devenir ainsi le premier astronaute européen a foulé la surface de notre satellite naturel. Il ne s’en cache pas, c’est son rêve : « Même si ça prend quelques années de retard, avant 2030, on aura des astronautes sur la Lune en partenariat avec l’Agence spatiale européenne notamment, expliquait-il dans un entretien à 20 Minutes, en juin 2019. Ce qui veut dire qu’il y a une chance non négligeable pour que des Européens aillent sur la Lune avant la fin des années 2030 et ça, ça me laisse encore largement le temps de faire partie de cette aventure-là. »
Le James Webb Telescope, le clou du spectacle ?
C’est en tout cas ainsi que Jean-Yves Le Gall présente le troisième temps fort attendu en 2021. Fruit d’une collaboration internationale entre la NASA, l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale canadienne (ASC), le James Webb Telescope doit être lancé le 21 octobre par la fusée Ariane 5, le lanceur européen, depuis Kourou. Ce qui fait déjà beaucoup de pression sur les épaules des Européens, ce nouveau grand télescope spatial valant 10 milliards de dollars, rappelle le président du Cnes.
James Webb Telescope doit succéder au télescope Hubble, lancé en 1990. Il sera placé en orbite autour du soleil, autour du point de Lagrange L2, à 1,5 million de kilomètres de la Terre du côté opposé au soleil. Là, il déploiera sa structure de 18 miroirs et son pare-soleil de 20 mètres de long. Sa taille et ses capacités supérieures à Hubble – son miroir principal est trois fois plus sensible que son prédécesseur – devraient permettre aux astronomes du monde entier d’étudier les planètes du Système solaire et d’autres systèmes planétaires à un niveau de détail inégalé. Il aidera aussi à déterminer de quels éléments ces planètes sont constituées et, de cette manière, à estimer si elles présentent des conditions propices à la vie ou non. « Le James Webb va révolutionner l’astronomie spatiale comme Hubble l’a fait en son temps », annonce déjà Jean-Yves Le Gall.