VIDEO. Curiosity dégaine à nouveau sa foreuse pour faire des trous sur Mars

ESPACE Pour trouver une solution aux problèmes de foreuse rencontrés par le robot, les ingénieurs de la Nasa ont fait preuve d’inventivité afin de creuser à nouveau le sol martien…

Béatrice Colin
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Vue d'artiste du robot Curiosity en train de forer le sol martien.
Vue d'artiste du robot Curiosity en train de forer le sol martien. — NASA/JPL-Caltech
  • Après plus d’un an, Curiosity a réalisé ces derniers jours deux forages du sol martien.
  • Pour relancer les forages, une nouvelle technique a dû être mise au point par les ingénieurs de la Nasa grâce au clone terrien du rover.

A la Nasa, l’obsolescence programmée, on ne connaît pas. Le 6 août 2012, Curiosity posait ses roues sur Mars pour une mission de 22 mois. Après plus de 2.000 jours sur la planète rouge et 18 kilomètres parcourus, le rover continue à bosser pour en apprendre toujours plus sur le passé de Mars.


Quinze mois après un problème technique, sa foreuse se remet à faire des trous dans le sol du mont Sharp. Le premier, d’un centimètre de profondeur, a été réalisé le 26 février dernier, le second au cours du week-end dernier.

Tester grâce au clone terrien de Curiosiy

Une action qui pourrait être banale au premier abord, mais qui a nécessité toute l’ingéniosité des membres du Jet Propulsion Laboratory, qui dirige les opérations. Ces derniers ont dû trouver une nouvelle technique de forage, sans l’intervention des stabilisateurs qui se trouvaient de chaque côté de la tige jusqu’à présent, tout en évitant de faire vriller la tige.

« Cela semble plus facile à dire qu’à faire car si ça part de travers, le temps que les informations arrivent sur Terre, il est trop tard pour réagir et l’on pourrait abîmer la foreuse et endommager d’autres instruments. Il a donc fallu reprogrammer intégralement le robot. Et pour cela, ils ont utilisé un clone intégral de Curiosity qui se trouve à Pasadena », explique Olivier Sanguy, chargée de l’actualité spatiale à la Cité de l'Espace, à Toulouse, où l’on peut aussi observer une réplique du rover

Si la foreuse a repris du service, pour l’heure, aucun échantillon de sol n’a pu être récupéré et analysé par le micro-laboratoire intégré au rover. Lors des 15 forages précédents, les résultats avaient permis de démontrer qu’il y avait eu de l’eau liquide sur Mars il y a 3 à 4 milliards d’années.

« C’est un des autres problèmes du changement de procédure. Ils vont devoir désormais secouer la foreuse au-dessus du réceptacle pour récupérer les échantillons de sol. Et c’est peut-être là la plus grosse inconnue, car ils n’ont pas pu reconstituer la gravité de Mars qui est trois fois moins importante que sur Terre », poursuit Olivier Sanguy.

Connaissances sur le passé de Mars

« Honnêtement trouver une solution à 300 millions de kilomètres, c’est déjà un sacré challenge. Ces nouveaux forages, sur des sites différents, vont nous permettre d’en apprendre plus sur la stratigraphie et le passé de Mars », insiste l’astrophysicien toulousain Sylvestre Maurice.

Ce chercheur de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap) est aux commandes de ChemCam, l’œil laser du rover Curiosity. Durant la période de chômage de la foreuse, les équipes qui gèrent cet instrument en ont profité pour tirer au laser sur le sol. « Cela nous a permis d’en apprendre beaucoup sur la composition chimique des roches », indique-t-il.

Curiosity continue donc à livrer des informations importantes, notamment les conditions météo au quotidien sur la planète rouge. Et, grâce à sa pile au plutonium, le rover n’est pas prêt d’arrêter son ascension. A moins que ses roues, usées, viennent à lui jouer des tours.

D’ici là, d’autres robots prendront le relais. Mars Insight devrait atterrir en novembre 2018 suivi en 2020 par le rover d'ExoMars, capable de forer jusqu’à deux mètres de profondeur.