Journée mondiale des astéroïdes: Il y a beaucoup à apprendre et à craindre de ces voyageurs célestes

ESPACE Ce vendredi 30 juin est décrété journée internationale des astéroides. Ne la négligeons pas. « Nous leur devons la vie, tout comme nous devons les surveiller comme le lait sur le feu », indique Antonella Barucci, astronome à l’Observatoire de Paris...

Propos recueillis par Fabrice Pouliquen
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Ce vendredi 30 juin est décrétée Journée mondiale des astéroïdes.
Ce vendredi 30 juin est décrétée Journée mondiale des astéroïdes. — Phto wikicommons
  • Pour la première fois, l’ONU a fait de ce vendredi 30 juin la journée mondiale des astéroïdes.
  • Ce ne sont pas les plus gros des corps célestes qu’on croise dans le système solaire, mais les scientifiques les scrutent de près pour mieux comprendre la formation de nos planètes.
  • ... Et les surveillent comme le lait sur le feu pour parer toute collision éventuelle.

Nous célébrons les astéroïdes ce vendredi 30 juin, comme c’est le cas chaque 30 juin depuis trois ans. Le mouvement « Asteroid Day » a été insufflé en 2014 par des personnalités dont le réalisateur Grigorij Richters, le guitariste du groupe Queen (et astrophysicien) Brian May ou encore l’astronaute de la mission Apollo 9, Rusty Schweickhart. Mais cette année, l’ONU apporte son tampon, en faisant pour la première fois de ce 30 juin une journée mondiale des astéroïdes.

La date n’a pas été choisie au hasard, mais renvoie au 30 juin 1908, date à laquelle Tougouska, un astéroïde de 40 mètres, s’écrasait au beau milieu de la Sibérie provoquant des dégâts sur une centaine de kilomètres. C’est tout le but alors de cet « Asteroid Day » : mettre en lumière ces corps étonnants mais rappeler aussi leur potentiel danger. Antonella Barucci, astronome de l’ Observatoire de Paris, membre du Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique (Lesia), nous en dit plus.


C’est quoi, déjà, un astéroïde ?

Les astéroïdes sont des objets du système solaire. La majorité est entre Mars et Jupiter, mais il y en a aussi beaucoup qui sont bien plus proche de la Terre et qu’on appelle « astéroïde géocroiseur ». Leur orbite autour du Soleil croise celle de la Terre. Un astéroïde peut être considéré comme une planète mineure. Lors de la formation du système solaire, de la matière (des gaz, des poussières) s’est agglutinée pour former des planètes. Les astéroïdes n’ont pas évolué jusqu’à ce stade. Ils sont restés des souches originelles de la formation planétaire.

Que doit-on aux astéroïdes ?

Parce qu’elles sont justement des souches originelles de la formation planétaire, ces astéroïdes sont très importants pour la communauté scientifique pour comprendre l’origine du système solaire. Mais on doit bien plus aux astéroïdes. Les premiers signes de vie remontent à il y a 3,9 milliards d’années, à une époque où les collisions entre les astéroïdes et la Terre étaient fréquentes. On estime de plus en plus que ces astéroïdes ont apporté sur Terre des molécules organiques indispensables à la formation de la vie. L’eau proviendrait ainsi des astéroïdes et non pas des comètes. C’est l’une des conclusions que l’on peut tirer des mesures faites en 2014 par la sonde Rosetta autour de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. La signature atomique des molécules d’eau captées à proximité de la comète est très différente de celle se trouvant sur la Terre. Par contre, la signature atomique de molécule d’eau trouvée sur des astéroïdes s’est révélée très similaire à l’eau terrestre.

Mais faut-il aussi craindre les astéroïdes ?

Cette journée mondiale des astéroïdes vise à rappeler qu’en effet ces astéroïdes ne sont pas sans risques pour la Terre. Il y a des impacts tous les ans d’objets très petits, de quelques mètres de diamètres quand il pénètre dans l’atmosphère et qui se fragmentent ensuite. Souvent, ces collisions ne sont même pas perceptibles. Mais d’autres aussi se révèlent parfois plus importantes et dévastatrices. Celle de 1908 en Sibérie en fait partie. Tougouska avait détruit 20 km de forêt à la ronde et provoqué des dégâts sur une centaine de kilomètres. Ce choc est équivalent à plusieurs fois au choc nucléaire de la bombe d’Hiroshima.

En février 2013, une pluie de météorites s’était aussi abattue sur la ville russe de Tcheliabinsk, sans que les astronomes ne la voient venir. Les dommages avaient été limités mais on comptait tout de même un millier de blessés, des personnes touchées par des bris de vitres cassées par l’onde de choc. Enfin, une collision d’un astéroïde avec la Terre est aujourd’hui l’une des théories les plus crédibles pour expliquer la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années. Ce n’est d’ailleurs pas tant le choc qui aurait précipité la disparition des dinosaures, mais plus un changement climatique consécutif à la collision.

Maîtrise-t-on bien les risques de collision d’astéroïdes avec la Terre aujourd’hui ?

Nous estimons connaître plus de 95 % des astéroïdes de plus d’un kilomètre de diamètre [qui comportent un risque d’extinction pour l’humanité]. Et les risques de collisions sont infimes aujourd’hui avec de tels astéroïdes. En revanche, on connaît assez peu encore les astéroïdes plus petits et qui peuvent pourtant créer des dégâts importants. La Nasa estime que seuls 30 % des météores de 160 mètres et plus sont répertoriés. Il nous reste donc du travail pour observer et classifier les astéroïdes. Nous devons aussi travailler à des moyens de dévier la trajectoire des astéroïdes dont l’orbite rend possible une collision avec la terre. On a déjà identifié des techniques notamment via l’intervention de satellites artificiels.

Des études poussées ont été menées, mais il faut désormais faire des tests et se tenir prêt à envoyer une mission spatiale pour dévier l’orbite d’un éventuel astéroïde menaçant.