Peut-on fabriquer sa chance?
PSYCHO Se croire malchanceux ou veinard, qu’est-ce que ça change dans nos vies ?...
Il y a ceux qui ont « le cul bordé de nouilles » et les autres : ceux qui marchent dans les crottes de chien jamais du pied gauche, qui croisent des chats noirs à longueur de temps et qui voient dans chaque événement un signe de leur destin malheureux. Les uns comme les autres s’en remettent à la chance, mais est-ce vraiment la bonne fortune qui nous met sur le chemin de la réussite ou sur la pente de l’échec ?
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Face au même événement, deux réactions différentes
« Se croire chanceux, c’est avant tout avoir une grande confiance dans les possibilités offertes par les événements inattendus et être convaincu qu’on saura en tirer parti, explique Philippe Gabilliet, professeur à ESCP Europe et auteur de Eloge de la chance. L’art de prendre sa vie en main (éd. Saint-Simon). Le chanceux s’attend à ce que des événements positifs lui arrivent : son système de perception de la réalité est en quête permanente d’opportunités. Tout comme le malchanceux anticipe déjà des difficultés relationnelles, des accidents, des problèmes inattendus, etc. »
Face au même événement, deux personnes n’auront donc pas la même réaction : le chanceux verra une opportunité là où le malchanceux redoutera un nid de complications. « Pour ces derniers, cela peut traduire un manque de confiance en soi. Dire "je n’ai pas de chance" dénote une mauvaise estime de soi et une manière de se déresponsabiliser », note Elsa Godart, psychanalyste et auteur de Ce qui dépend de moi, ce qui ne dépend pas de moi (Ed. Albin Michel, 2011).
Avoir de la chance, mais pour quoi faire ?
A l’inverse, les grands chanceux se caractérisent souvent par « leur ouverture d’esprit et leur écoute des autres, leur capacité à créer des liens, à mettre les autres en relation de façon originale ou inattendue, leur aptitude à improviser, oser changer de plan initial si une opportunité imprévue se présente, leur capacité à optimiser tout ce qui arrive en se demandant d’abord ce qu’on va pouvoir en faire de positif », énumère Philippe Gabilliet.
Ceux-là sont-ils capables de fabriquer leur propre chance ? « On peut inspirer sa chance mais pas la créer ex nihilo, nuance Elsa Godart. Il y a toujours des choses qui nous échappent. Etre optimiste, c’est savoir que lorsqu’une occasion se présente on a la capacité de la saisir, mais encore faut-il qu’elle arrive… »
En attendant que l’opportunité se présente, on peut déjà se mettre dans la bonne disposition d’esprit et troquer les grigris contre une attitude positive : « Pour fabriquer sa chance, il faut d’abord se donner le droit d’être chanceux, c’est-à-dire de rencontrer des événements positifs inattendus, même si on ne les a pas mérités, même si on n’a pas travaillé pour », conseille Philippe Gabilliet.
Mais avoir de la chance, finalement, pour quoi faire ? Si c’est pour gagner au Loto, à part jouer tous les jours, il est peu probable que l’état d’esprit du joueur influe sur le tirage. En revanche, si c’est pour trouver du travail, rencontrer l’homme ou la femme de votre vie ou encore dénicher le poste de vos rêves, il y a fort à parier qu’un optimiste y parviendra plus facilement, rappelle Philippe Gabilliet : « Les grands chanceux savent d’abord donner une direction à l’inattendu, que ce soit à travers un désir, un rêve, un projet, une envie… Pour que le hasard se mette à mon service, il faut que je m’y sois préparé ; il faut que j’ai préparé le terrain de ma future chance, par exemple en rencontrant plein de gens, en me formant… »