Ils ont créé le premier œil de mouche artificiel

C.B.
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Photo d'illustration d'une mouche.
Photo d'illustration d'une mouche. — SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Recréer l’œil à facettes d’une mouche. Ça, c’est fait. Des scientifiques suisses, allemands et français sont parvenus à mettre au point le premier œil de mouche artificiel capable, comme un insecte en vol, de mesurer le défilement des objets dans son champ visuel. Concrètement, cet œil baptisé CurvACE est composé de 640 petits yeux, appelés ommatidies –le même nom que pour les insectes. Chaque ommatidie est constituée d’une lentille de 172 microns et d’un pixel de 30 microns de diamètre.

Et les résultats sont impressionnants: CurvACE offre un champ panoramique horizontal de 180° et vertical de 60°, pour une taille de seulement 15mm de diamètre, pour une consommation de quelques milliwatts et pour une masse de l’ordre d’une pièce de deux centimes. Cet œil artificiel est également capable de lire jusqu’à 1.000 images par seconde. 

Des applications sont attendues dans le textile, l’automobile ou encore la robotique

Un petit bijou de technologie qui a nécessité quatre années de travail. Pour les chercheurs, dont des bioroboticiens de l’Institut des sciences du mouvement (CNRS) et un électronicien du Centre de physique des particules de Marseille (CNRS), l’un des plus grands défis a été de parvenir à courber l’œil. Ils ont commencé par assembler le moule portant les micro-lentilles –soit 42 colonnes de 12 ommatidies chacune– avec le circuit micro-électronique contenant les pixels intelligents.

Ensuite, à la manière d’une mangue que l’on découpe en cubes tout en les laissant attachés au fruit, ils ont séparé les 42 colonnes grâce à une scie circulaire miniature. Enfin, ils ont relié les colonnes au circuit imprimé souple par un procédé high-tech de micro-câblage et à courber le capteur en lui donnant une forme cylindrique.

Si cet œil artificiel va d’abord permettre aux scientifiques de mieux comprendre la vision des insectes, il pourra être utilisé dans de nombreux domaines. Des applications sont notamment attendues dans le textile pour créer des vêtements intelligents, dans l’automobile ou encore en robotique terrestre, aérienne ou spatiale pour l’évitement d’obstacles.

L’ensemble des résultats ont été publiés sur le site de la revue Proceedings of the National Academy of Science (PNAS).