Le trafic de produits dopants, un maximum de profit pour un minimum de risque

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Offrant un maximum de profit pour un minimum de risque, le trafic de produits dopants progresse de manière inquiétante à travers la planète faute de législations adaptées, comme l'a expliqué un officier d'Interpol lors d'une réunion de l'Agence mondiale antidopage (AMA) à Montréal.
Offrant un maximum de profit pour un minimum de risque, le trafic de produits dopants progresse de manière inquiétante à travers la planète faute de législations adaptées, comme l'a expliqué un officier d'Interpol lors d'une réunion de l'Agence mondiale antidopage (AMA) à Montréal. — afp.com

Offrant un maximum de profit pour un minimum de risque, le trafic de produits dopants progresse de manière inquiétante à travers la planète faute de législations adaptées, comme l'a expliqué un officier d'Interpol lors d'une réunion de l'Agence mondiale antidopage (AMA) à Montréal.

Cet agent, qui incarne l'accord de collaboration conclu entre l'AMA et Interpol il y a près de deux ans, invite à chercher "buy steroid" (acheter des stéroïdes) sur internet pour avoir une idée du phénomène. Il en ressort plus de quatre millions d'occurrences.

Les chiffres traduisent l'ampleur prise par ce commerce souterrain, qui prospère d'autant plus facilement que les lois diffèrent entre les pays, et rares sont les Etats faisant du trafic de substances dopantes un délit.

"Le trafic de produits dopants a un peu le même réseau que l'on retrouve dans le trafic de drogues", souligne l'officier, qui tient à garder son nom secret. Mais contrairement à la cocaïne qui provient surtout d'Amérique Latine et de l'héroïne, produite essentiellement en Afghanistan, les composés chimiques permettant de fabriquer les stéroïdes peuvent se trouver partout et ne nécessitent pas de contact dans un pays. Les stupéfiants font surtout l'objet d'une toute autre traque de la part des autorités policières.

Le trafic de produits dopants, "un investissement minimum pour un profit maximum, avec un risque quasiment nul", résume l'agent d'Interpol.

Les trafiquants ont des visages divers, allant de l'individu qui cherche à arrondir ses fins de mois avec un mini laboratoire dans sa cuisine, aux membres de gangs ou de bandes, tels les Hells Angels, très présents dans les pays scandinaves.

La connexion entre crime organisé et trafic de produits dopants était déjà une réalité dans les années 1960/70, reliée à la pratique du culturisme, notamment dans le nord de l'Europe. Depuis, les réseaux se sont de plus en plus complexifiés, subdivisant leurs opérations dans divers points du globe. "Plus les activités sont morcelées, plus il est facile de contourner les lois", estime l'officier d'Interpol.

En 2007, une vaste opération, baptisée "Raw deal", avait conduit au démantèlement d'un grand réseau touchant une dizaine de pays, en premier chef les Etats-Unis. Quelque 125 personnes avaient été interpellées, près de 12 millions de stéroïdes fabriqués en Chine saisis.

Les produits dopants proviennent majoritairement des pays asiatiques. Et les dernières tendances ont de quoi bluffer douaniers et policiers.

Dans des pays du nord de l'Europe, les forces de l'ordre ont découvert récemment des feuilles de format A4 de couleur, épaisses comme une hostie. Loin d'être destinées à la papeterie, elles étaient composées en fait de stéroïdes. D'autres ont trouvé de la poudre dissimulée dans le double fond de pièces automobiles.

Les réseaux criminels ne limitent pas leurs activités au dopage. "Nous savons depuis quelque temps que ceux qui font de l'argent dans le trafic de substances interdites sont aussi impliqués dans les paris illégaux", raconte David Howman, directeur général de l'AMA. D'où la nécessité pour l'Agence mondiale d'inciter fortement les gouvernements à se doter d'une législation adéquate.