Rennes : « Une heure de moins »… L’intelligence artificielle permet de gagner du temps aux urgences
I-Robot Des logiciels analysent les radios des nombreuses personnes venues pour des entorses ou des soupçons de fractures
Le ballet des sportifs du dimanche (et du samedi) fait partie des habitudes des services d’urgences partout en France le week-end. Simple entorse ou vilaine fracture ? Pour le savoir, les blessés ont tous le même réflexe : pousser les portes des urgences les plus proches de chez eux pour effectuer une radio. Le problème, c’est qu’ils ne sont jamais les seuls et viennent s’agglutiner dans des services déjà débordés, générant des temps d’attente délirants dépassant parfois les six heures. Pour tenter d’améliorer la prise en charge de ses patients, le CHU de Rennes a fait appel à l’intelligence artificielle. En développant des algorithmes, l’hôpital a pu réduire significativement le temps de prise en charge des fractures mais aussi des diagnostics du cancer de la prostate. Explications.
Les urgences de Rennes ont vu défiler 66.000 patients l’an dernier, dont bon nombre de cas de traumatologie. « En 2019, on s’est rendu compte que ceux qui venaient pour des traumas de membres isolés, comme une entorse de cheville ou une fracture du poignet, restaient en moyenne 4h45 dans le service », raconte le Dr Ulysse Donval. Grâce au logiciel Boneview, ce temps est désormais d’une heure de moins, voire d’une heure vingt. Concrètement, les radios s’affichent sur l’écran, avec un cadre jaune sur la lésion que l’algorithme pense avoir détectée le cas échéant, et la mention « oui » ou « non » à la rubrique « fracture », « luxation » et « épanchement ». En cas de doute, lié par exemple à une attelle parasitant l’image, le logiciel le signale également. Dans les très rares cas où une anomalie aurait échappé à l’IA, le patient est recontacté pour une prise en charge.
Outre cet usage aux urgences, le CHU de Rennes a également développé un algorithme d’aide au diagnostic du cancer de la prostate. Décrites comme « difficile à interpréter » pour les médecins non-spécialistes, ces images IRM nécessitent parfois « des centaines voire des milliers d’images », selon le radiologue Luc Beuzit. Avec la collaboration de la start-up française Incepto, le CHU a bâti une base de données de 6.000 IRM de prostates. Ainsi nourri, le logiciel est désormais capable de détecter une lésion suspecte, qu’une biopsie pourra venir confirmer. Bientôt certifié, ce logiciel sera bientôt commercialisé dans le monde entier.