Nouvelle-Aquitaine : Pourquoi ne peut-on pas démoustiquer davantage pour lutter contre le moustique tigre ?
bzzzzz Les opérations de démoustication sont déclenchées lorsque des cas avérés de dengue, Zika ou chikungunya sont signalés et les traitements se concentrent sur un périmètre restreint d’environ six hectares
- Une opération de démoustication a lieu ce lundi soir dans le quartier Bacalan, à Bordeaux. L’occasion de faire le point sur la situation épidémique en Nouvelle-Aquitaine et à l’échelle de la France.
- Si elles sont circonscrites et soumises à la détection de cas de maladies tropicales, c’est parce que ces opérations ne peuvent de toute façon éradiquer le moustique tigre et qu’il faut ménager leur efficacité pour lutter contre les épidémies.
- Les cas importés de dengue, Zika ou chikungunya sont en augmentation cette année par rapport à 2022, en particulier parce qu’une épidémie de dengue est en cours en Guadeloupe et à la Réunion.
L’été est derrière nous, on est le 25 septembre mais les opérations de démoustication se poursuivent en Nouvelle-Aquitaine, l’une des très nombreuses régions françaises colonisées par le moustique tigre, depuis 2004. Après qu’un cas de maladie tropicale (dengue, Zika ou chikungunya) a été confirmé dans le quartier Bacalan, à Bordeaux, une opération y est programmée ce lundi soir. Certains rêveraient d’un épandage au-dessus de chez eux, l’histoire de se faire un peu moins dévorer et d’autres redoutent les produits vaporisés. On fait le point sur la réglementation de la démoustication en France.
Pourquoi attendre des cas de maladies tropicales pour traiter ?
Mauvaise nouvelle : les traitements insecticides utilisés ne sont pas une solution pérenne pour réduire la population de moustiques car ils n’ont aucun effet sur les œufs ni les larves. Dans les jours qui suivent l’application des produits, une nouvelle génération de moustiques tigres (sains) apparaît. Le répit est donc de courte durée.
Pire, les insectes piqueurs pourraient s’habituer au pyréthrinoïde utilisé dans les traitements qui risqueraient alors de ne plus être efficaces en cas d’épidémies. Les traitements réguliers ne sont donc pas du tout une bonne idée. Quand un cas de maladie tropicale est avéré, un traitement localisé est réalisé pour éviter que les moustiques tigres ne deviennent un vecteur de la maladie. En clair, ils pourraient piquer la personne malade et diffuser ensuite le virus qui affecte cette personne. C’est donc une mesure d’urgence, à manier avec parcimonie et qui a une efficacité à court terme.
Qui réalise les traitements et présentent-ils des risques ?
Il existe plusieurs opérateurs privés qui sont mandatés par l’agence régionale de santé pour appliquer les traitements. Les habitants des zones traitées ne déboursent rien, c’est une opération de santé publique financée par les impôts.
« Le pyréthrinoïde utilisé (Aqua K-Othrine) est toxique pour tous les insectes, il n’existe malheureusement aucun insecticide qui cible uniquement les moustiques adultes », précise l’ARS Nouvelle-Aquitaine sur son site. Pour limiter les nuisances du traitement, notamment vis-à-vis des insectes pollinisateurs, il est réalisé de nuit. Les habitants des zones concernées sont invités à rester à l’intérieur pendant la durée du traitement (une heure), à rentrer leur linge, à ne pas consommer les légumes et fruits de leur jardin, dans les jours qui suivent, à rentrer leurs animaux à l’intérieur, etc. « Bien que le produit et le dosage utilisé soient sans risque pour la population, il est fortement recommandé de suivre les précautions inscrites sur le document », précise l’ARS.
Où en est-on de la diffusion de ces virus tropicaux en Nouvelle-Aquitaine et dans l’Hexagone ?
En Nouvelle-Aquitaine, entre le 1er mai et le 8 septembre 2023, 74 cas importés de dengue et quatre cas importés de chikungunya ont été identifiés contre trente cas importés de dengue et trois cas importés de chikungunya sur la même période en 2022. 83 traitements localisés ont été réalisés dans la région pour lutter contre la propagation de ces virus.
A l’échelle nationale, sur cette même période, 674 cas importés de dengue, quinze cas importés de chikungunya et six cas importés de Zika ont été recensés contre 272 cas importés de dengue, 22 cas importés de chikungunya et trois cas importés de Zika en 2022. Plus de la moitié des cas de dengue revenaient d’un séjour en Martinique ou en Guadeloupe, où une épidémie est en cours.