Vitiligo : Bientôt une crème efficace pour être mieux dans sa peau ?
probant Des essais cliniques ont été réalisés au centre hospitalier bordelais après des études internationales. Le traitement contre le Vitiligo sera normalement disponible d’ici un an en France
- Une nouvelle crème, appelée opzelura, permet de repigmenter de façon significative la peau et offre un vrai espoir aux personnes souffrant de vitiligo.
- Après une autorisation de mise sur le marché au niveau européen, des arbitrages des autorités sanitaires nationales sont attendus pour une commercialisation envisagée d’ici un an en France.
- En parallèle, des études éprouvant l’efficacité d’une même famille de médicament que l’opzelura, mais par voie orale, sont aussi en cours.
C’est une grande nouvelle pour les 600.000 à un million de personnes touchées en France par le vitiligo, une maladie auto-immune qui se traduit par une décoloration de la peau. Les personnes qui en souffrent voient l’apparition de taches blanches sur une ou plusieurs zones de leur corps. La crème opzelura (Ruxolitinib) qui permet une repigmentation devrait être disponible en France d’ici un an, après l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché au niveau européen.
« Les lésions sur des zones exposées au regard ont des conséquences sur la qualité de vie des patients qui peuvent souffrir d’anxiété, de dépression et se traduire par un retrait social en raison d’une stigmatisation, pointe Julien Seneschal, responsable de l’unité de dermatologie inflammatoire et auto immune au CHU de Bordeaux. A ce titre là, c’est une vraie maladie qui justifie un traitement. »
Des résultats probants, surtout sur le visage
Le Laboratoire américain Incyte a lancé plusieurs études pour le développement de ce nouveau traitement et des essais cliniques ont eu lieu sur 600 patients dans le monde, dont une dizaine au CHU de Bordeaux, en 2021. « Plus de 30 % des patients qui l’ont utilisé deux fois par jour ont constaté, au bout de six mois, 75 % d’amélioration au niveau du visage. Et plus de 50 % des patients ont obtenu ce résultat à un an », détaille Julien Seneschal en s’appuyant sur les conclusions de l’étude internationale. Des patients avec des lésions anciennes ou récentes ont participé et certains avaient déjà testé d’autres traitements, sans commune mesure en termes d’efficacité. « Ils ont eu des résultats qu’ils n’avaient jamais eus avant, mais ce n’est pas efficace du jour au lendemain, il faut attendre six mois à un an pour avoir une efficacité significative », commente le dermatologue spécialiste du vitiligo.
Dans cette maladie auto immune, il y a une disparition des cellules responsables de la couleur de la peau (mélanine), appelés les mélanocytes. « Ce nouveau traitement ciblé va bloquer une enzyme qui est nécessaire à la reconnaissance des messagers inflammatoires [cytokines] à la surface des cellules [mélanocytes] », explique le professeur Julien Seneschal. Cela permet aux patients de produire de nouveaux mélanocytes, pendant que la crème bloque leur destruction. C’est sur la zone du visage que le traitement est le plus efficace et sur les mains et les pieds qu’il l’est le moins. On ne sait pas encore bien pour quelles raisons
Encore de la patience et des études
Des études de suivi sur les patients sont encore en cours. « On a vu des récidives au même endroit chez certains patients et d’autres pour lesquels l’efficacité thérapeutique était maintenue, ajoute Julien Seneschal. Il y a toujours un risque que la maladie récidive au même endroit à l’arrêt du traitement, parce qu’il y a une mémoire immunitaire dans la peau. » C’est la raison pour laquelle un traitement de maintien, consistant en une application deux fois par semaine, pourrait être envisagé pour certains patients.
Ce nouveau traitement pourrait être disponible en France dans environ un an, le délai moyen après un feu vert européen. La Haute Autorité de santé et la Caisse nationale d’assurance maladie doivent encore donner leur arbitrage notamment concernant son remboursement. « A ce sujet, l’association française du vitiligo jouera un rôle déterminant pour accélérer le processus et obtenir le meilleur remboursement possible », écrit-elle sur son site.
D’autres études pour évaluer la même famille de médicaments mais avec des prises par voie orale ont aussi été lancées. Leur autorisation de mise sur le marché pourrait intervenir d’ici trois à quatre ans. Certaines études associent à l’application de la crème de la photothérapie, pour accentuer la repigmentation de la peau. « Les personnes qui souffrent de vitiligo ont une plus grande sensibilité à l’exposition solaire mais pour autant elles peuvent s’y exposer raisonnablement, assure Julien Seneschal. On a plusieurs études qui montrent qu’elles ont moins de risque de faire des cancers de la peau, ce qui nous pousse à être assez rassurants sur l’utilisation [à certaines conditions] des UV ».