Douleur chronique : L’efficacité des antidépresseurs remise en cause par une vaste étude
médicaments Seule la duloxetine tire son épingle du jeu parmi les molécules prescrites par les médecins
Une étude sans précédent sur l’effet des antidépresseurs sur les douleurs chroniques a été publiée mercredi dans la base de données Cochrane. Et le résultat est sans appel : « La duloxetine est le seul antidépresseur dont (l’intérêt) est indubitable contre la douleur chronique ». Les chercheurs ont évalué les bénéfices potentiels de 25 molécules et ont compilé 176 études réalisées sur un total de quelque 30.000 patients.
La douleur chronique se définit comme une douleur qui perdure au-delà de plusieurs mois, parfois sans cause physiologique précise, comme dans la fibromyalgie. Elle peut être la séquelle d’une maladie ou d’une opération, ou un effet secondaire d’un traitement, notamment contre le cancer…
Une alternative aux opioïdes
Les opioïdes, longtemps prescrits contre ces douleurs, le sont de moins en moins en raison du risque avéré d’addiction et d’overdoses parfois fatales. Les médecins se sont donc tournés vers les antidépresseurs, dans l’idée que ces molécules, développées pour agir sur l’humeur, soient aussi efficaces face à la douleur.
Cochrane, vaste base de données collaborative, publie régulièrement des travaux qui font référence pour résumer l’état des connaissances sur un sujet médical donné. Dans cette étude, seule la duloxetine apparaît comme ayant un bénéfice incontestable, même si les auteurs soulignent le manque de données sur ses effets secondaires à long terme.
Ne pas stopper le traitement
Un autre antidépresseur, le milnacipran, semble avoir des effets avérés mais avec moins de certitude. Pour le reste, l’étude conclut à un manque de données probantes, notamment sur l’amitroptyline, l’un des antidépresseurs les plus prescrits contre la douleur chronique.
Malgré ces résultats, les chercheurs ont appelé, lors d’une conférence de presse, les patients à ne pas arrêter leur traitement sans avis médical. Ce serait « vraiment dangereux », a souligné la principale auteure de l’étude, la spécialiste de la douleur Tamar Pincus, rappelant qu’un sevrage brusque peut avoir des effets délétères.