Les superbactéries résistantes aux médicaments se multiplient à cause de la pollution, alerte l’ONU

Conséquences Ces superbactéries pourraient tuer 10 millions de personnes par an d’ici 2050, alerte mardi les Nations unies

20 Minutes avec AFP
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D'après les chercheurs de l'ONU, réduire la pollution issue des secteurs pharmaceutique et agricole est essentiel pour lutter contre la prolifération des superbactéries résistantes aux médicaments.
D'après les chercheurs de l'ONU, réduire la pollution issue des secteurs pharmaceutique et agricole est essentiel pour lutter contre la prolifération des superbactéries résistantes aux médicaments. — AFP

Encore une bonne raison de polluer moins. D’après l’ONU, réduire la pollution issue des secteurs pharmaceutique et agricole est essentiel pour lutter contre la prolifération des superbactéries résistantes aux médicaments. Ces dernières pourraient tuer 10 millions de personnes par an d’ici 2050, alertent mardi les Nations Unies.

«Il est de plus en plus évident que l’environnement joue un rôle clé dans le développement, la transmission et la propagation» de la résistance aux antimicrobiens (RAM), souligne l’ONU-Environnement dans un rapport. Cette résistance se produit lorsque des micro-organismes tels que des bactéries, des virus, des parasites ou des champignons deviennent résistants à des traitements antimicrobiens auxquels ils étaient auparavant sensibles.

Plus d’un million de décès directement attribués à ces infections en 2019

On estime que 1,27 million de décès étaient directement attribués à des infections résistantes aux médicaments en 2019, selon l’ONU.

Cette résistance est encouragée par l’usage abusif d’antibiotiques, mais l’ONU souligne d’autres facteurs moins fréquemment mis en avant : elle est «étroitement liée à la triple crise planétaire du changement climatique, de la perte de biodiversité et de nature, ainsi que de la pollution et des déchets». La pollution, liée en particulier à l’industrie pharmaceutique et à l’agriculture, permet en effet aux antimicrobiens d’entrer dans l’environnement, à commencer par les rivières.



«C’est un véritable problème, car les rivières sont souvent la source de notre eau potable», a expliqué à l’AFP le microbiologiste Jonathan Cox, de l’université britannique d’Aston, qui n’a pas participé au rapport de l’ONU.

Ainsi, l’industrie pharmaceutique est invitée par l’ONU à «assurer un confinement et un traitement adéquats des déchets et des eaux usées», avec un renforcement général du cadre réglementaire. Les hôpitaux devraient aussi installer des systèmes de traitement des eaux usées spécifiques et garantir l’élimination des médicaments, préconisent les experts. Dans l’agriculture, il est par exemple suggéré de «réévaluer les limites des antimicrobiens» et «réduire les rejets» pour protéger les cours d’eau.