Zéro devoir, érotisme, bienveillance… Les clés d’une sexualité épanouie pour les couples de longue date
Longévité Pour les personnes en couple depuis plusieurs années, il arrive fréquemment de connaître des variations de désir
- Pour les couples de longue date, la sexualité peut passer par différentes phases, et il arrive fréquemment de connaître des périodes de baisse de désir.
- Dans son ouvrage Les clés du désir quand on se connaît par cœur, qui vient d'arriver en librairie, le sexologue new-yorkais Stephen Snyder livre ses conseils pour apprendre à gérer et surmonter ces variations.
- Des clés que 20 Minutes vous dévoile avec l’éclairage du Dr Patrick Papazian, sexologue, qui rappelle l’importance de la bienveillance au sein du couple.
Il paraît que la passion, la vraie, celle qui embrase les corps, ne dure pas. Elle laisserait la place à davantage de tendresse et s’évaporerait, au sein des couples de longue date, sous le poids du quotidien, de la charge mentale, des habitudes. Sous le poids, aussi, d’une communication paradoxalement plus difficile quand on est en couple depuis de longues années.
Alors, les couples sont-ils condamnés à renoncer progressivement à l’épanouissement sexuel ? Le désir qui s’étiole est-il une fatalité ? Et est-ce grave ou peut-on s’en accommoder ? Dans son ouvrage Les clés du désir quand on se connaît par cœur (éd. Thierry Souccar), actuellement en librairie, le Dr Stephen Snyder, sexologue américain, livre quelques secrets pour une sexualité épanouie.
Accepter les variations de désir
Stress, épuisement, charge mentale, corps qui change, sentiment de ne plus susciter le désir de l’autre ou d’être un objet de déception, il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une femme ou un homme peut perdre son désir sexuel, relève dans son livre le Dr Snyder. Et bien que l’on connaisse l’autre par cœur, il est rarement aisé de mettre les mots sur ces contrariétés, et à s’en ouvrir auprès de son ou sa partenaire. Ainsi, « il est fréquent que les couples se plaignent du manque de communication », constate-t-il. Pourtant, « la plupart des couples dans cette situation ont tout à gagner en reconnaissant leurs nœuds sexuels, à parler honnêtement de leurs émotions.
Un constat partagé par le Dr Patrick Papazian, sexologue à Paris et auteur de Parlez-moi d'amour (éd. L’Opportun). « La première étape est d’avoir conscience que la baisse de désir sexuel est un sujet qui met à l’épreuve l’immense majorité des couples, et qui survient assez rapidement, au bout de deux, trois, quatre ans. C’est un immense tabou. Il faut essayer d’être le plus bienveillant possible face à ces questions, avec soi-même et la personne qui partage notre vie. Quand on l’accepte, qu’on se dit que c’est normal, que cela fait partie de la vie d’un couple et qu’on arrive à l’appréhender avec un peu de légèreté, c’est en partie gagné ».
Ne pas s’imposer de devoir
Autre point fondamental abordé par le Dr Snyder : « une certaine forme d’égoïsme est un avantage ». Et dans l’optique d’ébats passionnés et épanouissants, pas question de consentir à un rapport sexuel simplement pour faire plaisir à son ou sa partenaire. Il y en a « qui ont perdu tout désir et qui continueront à avoir des rapports avec leur partenaire par sens des responsabilités ou simplement pour maintenir la paix, observe le sexologue américain. C’est rarement une bonne idée ». Par ricochet, « votre désir s’estompe, faire l’amour commence à ressembler à une obligation. Votre désir disparaît alors vraiment ».
« Il ne faut surtout pas se forcer, confirme le Dr Papazian, au risque d’éteindre son désir et de développer des sentiments négatifs. Il s’agit de respecter son propre consentement ». En revanche, « l’une des clés est de garder une sexualité solitaire en parallèle, souligne-t-il. Il ne faut pas croire que la masturbation vient s’interposer entre les deux partenaires et leur sexualité de couple. Ce n’est pas une sexualité concurrente, c’est tout l’inverse : si on continue à être en connexion avec son corps, à se donner du plaisir, savoir ce qui nous plaît ou non, on appréhende mieux les ressorts du désir dans son couple ».
Pleine conscience et fin des schémas hétéronormés
Au fil de ses consultations, le Dr Snyder le constate : « de nombreux couples modernes se dépêchent de faire l’amour sans prendre le temps d’être excités et se demandent ensuite où est passée leur magie sexuelle ». Une magie tarie par de rapides caresses préliminaires à la pénétration, où il s’agit de provoquer mécaniquement érection et lubrification, pour pouvoir faire l’amour et mener son ou sa partenaire à l’orgasme. Un schéma qui commande la sexualité de beaucoup de couples hétérosexuels, mais qui ne satisfait plus de nombre d’entre eux. Pour le sexologue américain, il y a urgence à retrouver un « esprit érotique », et à sortir des schémas hétéronormés, en s’adonnant à une « sexualité paresseuse », non pénétrative et « en pleine conscience », pour être « dans l’instant ».
« On a recours à ces notions en sexothérapie, abonde le Dr Papazian. Il s’agit de mettre en place un "sensate focus" : apprendre à se focaliser sur ses sensations. Le principe, c’est de dire aux couples d’arrêter de se mettre la pression et d’avoir des rapports sexuels. En revanche, on leur prescrit une reconnexion tactile, sensuelle, avec des massages, pour retrouver ensemble la sensation agréable du peau à peau, et explorer une sexualité non pénétrative, détaille-t-il. L’idée, plutôt que de subir les diktats d’une sexualité hétéronormée, est de renouer le contact charnel. On ouvre des horizons : les préliminaires n’en sont pas, c’est une sexualité à part entière, la pénétration n’a pas à être systématique. Finalement, une période de baisse de désir doit être vue comme une chance dans la vie d’un couple de réinventer sa sexualité ».