Covid-19 : « On ne peut pas arrêter les variants » chinois et américains, surtout sans réponse globale à l’épidémie

Mutation La France a mis en place des contrôles pour les voyageurs en provenance de Chine, mais n’a pas réinstauré l’obligation du port du masque dans les transports en commun

Xavier Regnier
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Le port du masque serait sans doute la manière la plus efficace de freiner l'arrivée de nouveaux variants, qu'ils viennent de Chine ou des États-Unis. (illustration)
Le port du masque serait sans doute la manière la plus efficace de freiner l'arrivée de nouveaux variants, qu'ils viennent de Chine ou des États-Unis. (illustration) — CFOTO/Sipa USA/SIPA
  • La France a annoncé récemment mettre en place un test obligatoire pour les voyageurs en provenance de Chine, alors que les autorités chinoises sont accusées de donner des chiffres flous sur l’épidémie de Covid-19. Une mesure « ineffeicace selon l'Iata.
  • Dans le même temps, un nouveau variant recombinant est devenu majoritaire aux États-Unis. Mais aucune mesure n’a encore été prise.
  • Pour le médecin Michaël Rochoy, c’est toute la réponse des autorités françaises qui est défaillante face au virus, notamment avec le port du masque qu’il voudrait à nouveau rendre obligatoire dans les transports en commun.

Ils se périment plus vite que la fast fashion. Les variants du Covid-19 se multiplient et se succèdent à une vitesse très difficile à suivre, au point que, depuis un an, on appelle encore Omicron à peu près toutes les versions du virus. Pourtant, l’Hexagone a été balayé par les vagues BA.1, BA.2, BA.5 cet été et est désormais contaminé par le BQ.1.1. Par ailleurs, face à l’explosion des cas en Chine, et face au manque de transparence sur les chiffres officiels, la France impose désormais un test obligatoire à tous les voyageurs en provenance de l’Empire du milieu, qui possède ses propres souches.

Mais d’autres formes du virus circulent aussi dans les pays occidentaux. Et, depuis quelques jours, le variant « américain » semble devenir un nouveau concurrent de poids. Que risque-t-on à voir arriver de nouveaux variants en France ? Peut-on éviter leur circulation et leurs éventuelles recombinaisons ? 20 Minutes fait le point.

Où en est l’épidémie en France actuellement ?

Il existe une souche majoritaire depuis le mois de décembre, le BQ.1.1, qui descend directement de la souche BA.5 d’Omicron. Près de 23.000 cas ont été confirmés sur les sept derniers jours, dans un pays qui ne se teste plus beaucoup. « On est face à une triple épidémie », avec la grippe et la bronchiolite, rappelle pour 20 Minutes le médecin généraliste Michaël Rochoy. Outre les malades qui ne vont pas chez le médecin, il peut être difficile, sur la seule base des symptômes, de faire la différence entre ces virus. Par ailleurs, « on reste autour de 150 morts par jour, et il n’y a pas beaucoup de maladies qui font 40.000 morts par an », alerte le médecin.

Quels sont les risques si de nouveaux variants arrivent en France ?

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les variants se sont davantage remplacés qu’additionnés. Exit, par exemple, le variant Delta, qui comptait pour 99 % des cas fin 2021, ce qui écarte l’idée d’une épidémie parallèle. « Le virus mute de façon aléatoire, et, parfois, ça lui confère un avantage sur d’autres variants pour se transmettre plus facilement ou échapper à la vaccination », explique Michaël Rochoy, également chercheur en épidémiologie et membre du collectif « Du côté de la science ».

« La Chine n’a pas utilisé les mêmes vaccins que nous », rappelle-t-il, et le variant qui s’y est développé pour résister au vaccin « ne serait sans doute pas performant chez nous », selon lui. En revanche, « l’avantage sélectif est plus probable chez le variant américain », confronté aux mêmes vaccins que ceux utilisés en France et qui est déjà un recombinant, c’est-à-dire un croisement de deux variants pour en garder les meilleurs atouts. Mais cela ne veut pas dire que le XBB.1.5 américain intégrera la bonne capacité de reproduction du B.Q.1.1 français pour le supplanter. « On ne peut pas prédire ce que deviendra un variant », tempère le médecin, tout en imaginant le cas extrême d’un « variant totalement asymptomatique, mais mortel, au bout de plusieurs jours ». Les amateurs de Plague Inc. apprécieront.

Peut-on lutter contre ces nouveaux variants ?

« On ne peut pas arrêter un variant », affirme Michaël Rochoy. Malgré un nombre de cas très limité, le variant « américain » est en effet déjà présent en France. Et le médecin s’interroge sur la pertinence des contrôles aux frontières : « ce n’est pas en prenant la température des voyageurs qu’on évitera quoi que ce soit », surtout si des personnes ont été contaminées dans l’avion et ne développent les symptômes que plus tard. De plus, « pourquoi agir sur les avions qui viennent de Chine et pas les autres » ?



« On est une maison en train de brûler de partout, et on s’inquiète qu’une personne pourrait amener une flamme de l’extérieur », image le médecin. Il plaide pour un renforcement des mesures sanitaires de manière générale. « Le port du masque réduit le taux de réplication de 20 % » et permet aussi de lutter contre la grippe, argumente-t-il. « Il devrait être obligatoire », au moins dans les transports et les lieux clos, « si on veut freiner la transmission et réduire l’impact sur les hôpitaux », demande le généraliste.