Nord : Faut-il craindre le retour de la tuberculose dans certains établissements scolaires ?

maladie Après un lycée à Roubaix, c’est un établissement d’Halluin, dans la métropole lilloise, qui semble toucher par un foyer de tuberculose

Gilles Durand
Des ampoules de vaccin BCG contre la tuberculose, datées de 1931.
Des ampoules de vaccin BCG contre la tuberculose, datées de 1931. — Alfred Eisenstaedt
  • Depuis la rentrée scolaire de septembre, au moins deux établissements scolaires de la métropole lilloise ont été touchés par des cas de tuberculose.
  • Du côté des autorités sanitaires et du rectorat, on reste muet sur le sujet.
  • Selon les données de Santé publique France, 120 à 150 cas de tuberculose sont identifiés chaque année dans le département du Nord.

« Je n’en reviens pas d’avoir chopé la tuberculose en 2022. » Pour cette professeure de lycée, dans le Nord, le choc est encore rude. Depuis début décembre, elle est soumise à un traitement préventif qui doit durer trois mois afin d’éradiquer la bactérie. Car depuis la rentrée scolaire de septembre, c’est au moins le deuxième établissement scolaire touché par cette maladie pulmonaire dans la métropole lilloise.

La première alerte a eu lieu en novembre. Les professeurs du lycée Loucheur, à Roubaix, avaient exercé leur droit de retrait après un cas de tuberculose remontant au mois de mai. Ils réclamaient que l’ensemble des élèves et du personnel soient dépistés. A l’époque, une campagne de dépistage avait finalement été menée, dévoilant deux enseignants et cinq élèves testés positifs à la tuberculose, selon le témoignage de deux professeurs, qui préféraient rester anonymes.

« Des collègues sont très inquiets de cette situation »

Avant les vacances de fin d’année, c’est dans un lycée d’Halluin que la tuberculose semble avoir trouvé un nouveau foyer. « Je n’ai pas de symptôme et je suis traitée, donc je ne suis pas contagieuse, m’a-t-on dit à l’hôpital. Mais je suis persuadée d’avoir été contaminée au sein de mon établissement », explique, à 20 Minutes, la professeure qui souhaite aussi garder l’anonymat.

Selon elle, il pourrait s’agir d’un élève, absent depuis le mois septembre pour cause de tuberculose. L’enseignante regrette qu’il ait fallu attendre la veille des vacances de la Toussaint pour effectuer des dépistages dans la classe du lycéen malade et auprès de l’équipe pédagogique. « Des collègues sont très inquiets de cette situation », déplore-t-elle. D’autant que, selon nos informations, trois élèves sont soumis à un traitement contre la tuberculose dans ce lycée.

Contacté, le rectorat de Lille assure ne pas avoir connaissance d’autres cas de tuberculose que ceux du lycée Loucheur à Roubaix, dévoilés en novembre. Un couac dans le suivi de cette infection contagieuse ? « La tuberculose est une maladie à déclaration obligatoire », assure l’Agence régionale de Santé (ARS).

Enquête sanitaire

Egalement contacté par 20 Minutes, le centre de Lutte antituberculeuse (Clat) de l’hôpital Dron, à Tourcoing, cellule référente dans la métropole de Lille, reste pour l’instant muet sur le cas d’Halluin.



Selon les données de Santé publique France, 120 à 150 cas de tuberculose sont identifiés chaque année dans le département du Nord. « Une enquête sanitaire est menée pour chacun de ces cas afin d’identifier les personnes susceptibles d’avoir été en contact avec le malade et de mettre en place les mesures de gestion appropriées, notamment le dépistage, assure l’ARS. La majorité de ces cas impliquent de fait une ou plusieurs collectivités fréquentées par le malade, qu’ils s’agissent d’établissements scolaires, associations ou entreprises. »

En novembre, les professeurs du lycée Loucheur déploraient l’absence de communication de la part du chef d’établissement à la suite du dépistage de la maladie chez un élève. Ils souhaitaient « utiliser ce cas d’école pour améliorer avec le rectorat la gestion de la prévention de la tuberculose dans l’établissement ». Visiblement, ce n’est pas gagné.

Une maladie qui progresse

Pour la première fois depuis plus de vingt ans, les nouveaux cas de tuberculose ont progressé l’an dernier dans le monde, dopés par le Covid-19 et les confinements qui ont limité les dépistages et l’accès aux soins, s’inquiète l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).