Autisme : Une nouvelle technique bientôt testée pour diagnostiquer les bébés plus rapidement
progres Développé par une start-up française, le nouvel appareil permettrait d’explorer sans danger le cerveau des bébés
Et si l’on pouvait diagnostiquer beaucoup plus tôt les cas d’autisme et autres troubles du neuro-développement (TND) ? Dans l’espoir d’y parvenir, des chercheurs français vont tester en 2023 une nouvelle technologie d’imagerie médicale sur le cerveau de bébés, ont annoncé lundi les promoteurs de ce projet.
Aussi simple à utiliser et non-invasif qu’une échographie, ce nouvel appareil permet de détecter d’infimes variations de la circulation sanguine, et donc de l’activité des cellules nerveuses. Il pourrait donner la possibilité de cartographier les zones du cerveau dont le fonctionnement paraît anormal, et d’orienter ainsi vers un diagnostic très précoce d’autisme ou de TND, a expliqué lors d’une conférence de presse le neurobiologiste Pierre Gressens, chercheur à l’Inserm et directeur adjoint du groupement d’intérêt scientifique (GIS) « autisme et TND ».
« L’importance du diagnostic le plus précoce possible »
Or, en matière de recherche sur l’autisme, « une donnée fait consensus, c’est l’importance du diagnostic le plus précoce possible », qui permet une prise en charge plus efficace ; souligne Claire Compagnon, déléguée interministérielle à la stratégie nationale « autisme et TND ». Ces dernières années, l’âge moyen au diagnostic a baissé : « C’est aujourd’hui moins de cinq ans, mais c’est encore trop », a noté Claire Compagnon. Pour Catherine Barthélémy, pédopsychiatre et directrice du GIS, « l’idéal serait d’intervenir avant six mois ou un an ».
Commercialisé par la start-up française Iconeus, le nouvel appareil d’imagerie médicale exploite des technologies mises au point par des chercheurs de l’Inserm et du CNRS. Un examen par IRM (imagerie par résonance magnétique nucléaire) donnerait des résultats quasiment similaires. Mais il suppose de placer le jeune patient à l’intérieur de l’appareil ; ce qui est difficilement envisageable pour un simple dépistage sur des nouveau-nés. Plus simple à utiliser et moins coûteux, l’appareil d’Iconeus a été testé sur des souris : en plaçant une sonde sur la tête des rongeurs, les scientifiques ont montré quelles zones de leur cerveau étaient sollicitées lorsqu’on leur effleure les moustaches.
Début 2023, le fonctionnement de l’appareil va être testé sur quelques dizaines de bébés au sein de l’hôpital Robert-Debré à Paris. Les médecins compareront les images cérébrales obtenues sur des enfants nés à terme avec celles d’enfants nés prématurés ; ces derniers étant considérés comme ayant un risque plus élevé d’être atteint d’autisme. Les chercheurs passeront ensuite à une deuxième étape, entre 2023 et 2026 : plusieurs centaines de bébés seront soumis à ce nouvel examen d’imagerie, puis suivis sur plusieurs années, afin de déterminer si les signaux anormaux éventuellement visibles sur les images cérébrales seront corroborés par les méthodes habituelles de diagnostic de l’autisme.